Quel bilan faites-vous de cette 30e édition du salon Sival ? C'est la première fois depuis 30 ans qu'une telle affluence a été enregistrée. On va dépasser les 22 000 visiteurs professionnels. Une très belle édition en termes de fréquentation. Une affluence bien entendu réservée aux professionnels (sur invitation) du monde de l'arboriculture, du maraîchage, de la viticulture, des semences, et depuis quelques années des plantes aromatiques… La Loire est aussi la capitale des plantes médicinales et aromatiques. Le sival, c'est aussi le nombre de thèmes et de conférences organisées. Des conférences et exposés très pointus, au-delà du matériel que l'agriculteur pourrait trouver au salon. Pour cette année et pour les 30 ans du Sival, on a choisi la thématique de l'innovation et quelle agriculture de demain. Comment le métier de l'agriculteur va évoluer demain avec toutes les start-up et toute la haute technologie dont nous disposons aujourd'hui et qui se fait sur les phytosanitaires ; on a vu aujourd'hui comment utiliser les produits naturels au service de l'agriculture, de la biologie et de l'écologie. Ce salon existe aussi parce qu'il y a des exposants qui travaillent sur du matériel plus moderne. Le salon a abordé également des thèmes comme l'agro-écologie, l'environnement, le respect du produit, etc. Quelles sont les retombées sur les producteurs «contraints» à des règles plus strictes en matière d'écologie et sanitaires ? Au-delà de la culture bio qui est un label particulier et un choix philosophique de l'exploitant qui veut se rapprocher de plus en plus du naturel, on doit produire en parfaite osmose avec la nature. Le consommateur s'interpelle. C'est le cas par exemple des échos qui nous parviennent d'Algérie et du Maghreb. Je le dis avec sympathie, et on l'a vu, il y a d'énormes soucis alimentaires en Chine où l'on n'est pas très porté sur l'écologie, où il faut produire à tout prix à bas prix, en polluant rivières et fleuves, et où dans les villes il y a trop de consommable… J'ai assisté à la COP 21 à Paris, et la question du devenir alimentaire de la planète a été posé. Il y aura 10 milliards d'individus à l'horizon 2025 qui vivront essentiellement en ville. Dans mes voyages à travers le monde, j'ai eu l'agréable surprise de voir au Japon des fermes urbaines. En plein Tokyo, j'ai vu une ferme où l'on ne fait que de l'alimentation dans un immeuble fermé et qui est plus écologique que ce que nous on peut faire. Tout est produit de l'intérieur, il n'y a aucune mécanisation, ni source extérieure, ça peut être l'agriculture de demain, mais très futuriste. Nous devons réfléchir à ces thématiques dès maintenant, car demain et face à l'urbanisation rampante, beaucoup vont délaisser les campagnes pour aller en ville, y compris au Maghreb. Une nouvelle nourriture que l'on doit créer. Qu'attendez-vous de la présence algérienne à ce salon, quoique encore très modeste ? C'est la première fois que le salon s'ouvre à la presse étrangère, mais c'est un salon qui a toujours été ouvert aux délégations étrangères. Avec Vegepolys, pôle international et nous-mêmes nous travaillons avec des chercheurs du monde entier. Le salon a une ambition internationale. Même en Algérie il y a de très bons salons ciblés que je visiterai avec plaisir. Nous, notre rôle c'est de créer une dynamique entre acteurs des deux pays. Nous essayons aussi de participer par la sensibilisation de certains exposants pour mieux connaître le pays et son savoir-faire. L'Algérie a un potentiel énorme, mais la question de son développement se pose. Un potentiel viticole qui reste modeste et qui nous intéresse. J'ai lu que chez vous il y a de l'ambition, et ici il y a un savoir-faire. Il peut y avoir aussi un domaine très précis dans l'échange de compétences, sur le maraîchage, l'arboriculture... Des échanges pas uniquement sur le plan technique, mais dans les soutiens à une filière. L'interprofessionnelle des fruits à fêté ses 40 années d'existence et d'expérience ; nous, de notre côté on peut aider, car pour qu'un pays se développe il faut que les professionnels se prennent en charge. Les professionnels du secteur doivent trouver l'énergie et la synergie, mais tout cela doit se faire en complémentarité avec le pouvoir en place avec les acteurs politiques. C'est cela qui développe l'activité d'un pays. C'est ce qui se fait en France. Les acteurs de l'Interprofessionnelle sont d'ordre privé, tous les acteurs cotisent et se réunissent pour parler de leurs produits, faire de la communication, de la promotion, et faire aussi des lois que l'on propose au pouvoir. Et quand les acteurs et le pouvoir travaillent ensemble, cela est très productif. En Algérie, on connaît une spéculation sur les prix puisque toutes les filières sont désorganisées. quel est le remède, selon vous ? C'est l'un des sujets débattus lors du salon, à savoir la répartition de la valeur du produit. Dans l'interprofession, il y a les producteurs, mais aussi dans la partie aval toute la chaîne de la distribution. La grande distribution, les grossistes, les petits détaillants, les acteurs de marchés… Il faut que les gens se fédèrent d'abord par leurs structures. Les petits épiciers n'ont pas les mêmes soucis que les acteurs des grandes surfaces ou les importateurs, mais ils doivent se fédérer après autour d'une politique avec les producteurs et trouver la synergie complémentaire et collective. Chacun doit jouer la même partition pour qu'au final tout le monde soit gagnant.