Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a présenté jeudi dernier au Palais des nations de Club des Pins (Alger), devant la commission parlementaire conjointe, l'exposé relatif au projet de la révision constitutionnelle qui sera soumis dimanche au vote du Parlement. «L'Algérie qui amorce un tournant historique est au rendez-vous avec une ère nouvelle et un renouveau républicain fort», a soutenu le Premier ministre pour qui «la révision constitutionnelle est le couronnement des réformes politiques voulues par le président Bouteflika et qu'il s'est engagé, devant le peuple, à opérer». «Elle se propose, selon lui, d'élargir les droits et libertés du citoyen, ancrer la démocratie pluraliste, conforter les fondements de l'Etat de droit et consolider l'indépendance de la justice dans notre pays.» C'est dans cet objectif, a-t-il expliqué, que «le préambule de la Constitution a été enrichi pour constituer une partie intégrante du texte fondamental et une référence de la même valeur que les stipulations constitutionnelles». Concernant les autres amendements apportés au préambule, ils visent, selon M. Sellal, à «consolider les principes et valeurs, notamment les principales composantes de l'identité nationale que sont l'islam, l'arabité et l'amazighité à même de renforcer les liens unissant les Algériens à leur histoire et à leur culture». Le Premier ministre est revenu sur les principaux amendements prévus par le projet de révision constitutionnelle et rappelle qu'ils consacrent «l'attachement du peuple algérien à sa souveraineté et à son indépendance ainsi qu'au caractère démocratique et républicain de l'Etat et au principe de séparation des pouvoirs». M. Sellal affirme que le texte qui sera soumis au Parlement demain a pour but de «concrétiser le principe d'alternance démocratique au pouvoir au moyen d'élections libres et intègres pour dynamiser la vie politique et favoriser l'émergence d'une culture de citoyenneté dans notre pays». Le projet de révision, a enchaîné le Premier ministre, consacre «le choix du peuple de mettre fin aux disparités sociales et inégalités régionales en termes de développement, la promotion de la justice sociale et la lutte contre la corruption pour l'édification d'une économie forte et diversifiée en associant la jeunesse au processus de construction nationale». Le Premier ministre a évoqué, par ailleurs, la promotion de tamazight en langue officielle et la création d'une académie, constituée d'experts, chargée de réunir les conditions de sa promotion. Abdelmalek Sellal, qui a abordé aussi l'article 51 du projet de révision constitutionnelle, a indiqué que cette disposition concerne exclusivement les fonctions supérieures et sensibles de l'Etat, à l'instar de la sécurité de la nation et la sécurité financière du pays. Dans une déclaration à la presse à l'issue de son exposé devant la commission parlementaire conjointe élargie, le Premier ministre a tenté d'expliquer le contenu de cet article objet de polémique entre les deux partis du pouvoir : «Les textes de loi viendront expliciter l'article 51 en définissant ces fonctions après adoption du projet de révision de la Constitution.» «L'article 51 du projet est très clair et ne vise aucunement nos frères à l'étranger, mais concerne les fonctions supérieures et sensibles», a indiqué Abdelmalek Sellal, en soulignant que «l'Etat et les lois définiront ces fonctions». Le Premier ministre a cité particulièrement la sécurité de la nation et la sécurité financière à un niveau supérieur de l'Etat qui «nécessitent des conditions exceptionnelles». Soutenant que c'est «la première fois dans l'histoire de l'Algérie qu'on reconnaît les Algériens porteurs de plusieurs nationalités», M. Sellal déclare que «les portes demeurent ouvertes aux Algériens de l'étranger dans diverses fonctions». Il précise cependant que «certaines fonctions seront conditionnées par des critères exceptionnels, à l'instar de ce qui est appliqué dans d'autres pays».