Une dizaine de jeunes sympathisants du mouvement Rassemblement action jeunesse (Raj) étaient rassemblés, jeudi dernier, à la place des Martyrs pour commémorer la révolte du 5 octobre. Cette année, le Raj n'a pas prévu de gerbes de fleurs. Pas de grands discours. Seulement quelques jeunes, venus rendre hommage aux 400 victimes décédées pendant les émeutes, histoire de montrer que la plaie est encore ouverte. Dix-huit ans plus tard, que reste-t-il du 5 octobre ? Aujourd'hui, le secrétaire général du Raj, Hakim Addad, a classé cette révolte au rayon des illusions perdues. Il observe tout cela, en effet, avec un regard las. « C'est une date qui a failli renverser l'histoire, mais les choses se sont passées autrement », regrette-t-il. Il déplore surtout le fait que dix-huit années ont passé et rien de précis n'a filtré sur les tenants et les aboutissants de cette terrible date, que l'Etat d'urgence soit maintenu, que les manifestations publiques dans la capitale soient interdites… autant de choses en porte-à-faux avec les valeurs qui ont succédé à cette révolte. Hakim Addad et ses compagnons affirment être venus à la place des Martyrs afin de perpétuer le cri. « L'essentiel, pour nous, c'est que, cette année encore, nous sommes restés fidèles aux victimes du 5 octobre. »Des acteurs témoignent au FFSPar ailleurs, le Front des forces socialistes (FFS) a tenu jeudi soir, en son siège national à Alger, une rencontre-témoignage sur les événements du 5 octobre 1988. D'anciens acteurs et témoins de ces tristes événements ont livré leur regard critique sur ce qu'ils considèrent comme une révolte pour la démocratie. Plusieurs intervenants ont appelé les militants pour la démocratie à œuvrer pour que nul n'oublie cette date qui symbolise la revendication de la démocratie des Algériens. Ils ont, en outre, mis en exergue l'importance de ces événements qui ont, selon eux, ouvert la voie pour la démocratie. Mlle Dalila Taleb, étudiante à la Faculté d'Alger à cette époque, a souligné le sacrifice de ces milliers de jeunes qui ont payé de leur vie, appelant à agir pour que ceux-ci « ne soient pas oubliés ». Elle trouve que grâce à ces événements, beaucoup de jeunes ont pris conscience de la nécessité de s'engager dans la politique et de lutter pour les libertés et la démocratie. D'autres intervenants ont relevé le fait que « beaucoup de jeunes d'aujourd'hui ne connaissent pas l'histoire d'un mouvement fondateur aussi important, comme toutes les autres dates de la lutte des Algériens pour la liberté ». Pour Ali Ferrah, étudiant syndicaliste à l'époque qui a été « torturé », le « coup était bien préparé ». La rencontre a été ponctuée de plusieurs autres témoignages de personnes ayant subi toute forme d'agression physique et de torture lors de ces terribles événements. Amel B., M. A. O.