Les quelques groupes de touristes étrangers venant ces derniers temps visiter l'Algérie, du moins en Kabylie, c'est souvent suite à des initiatives de particuliers ou d'associations locales dans le cadre d'échanges divers. D'ailleurs, c'est après ce constat que certaines écoles et agences de voyages spécialisées dans le tourisme local ou international organisent ce genre d'activités et rencontres pour exhorter au renforcement de pareils échanges profitables pour les économies respectives des entités et des pays concernés. Le secteur du tourisme dans certaines régions d'Algérie, notamment en Kabylie, frappé d'un immobilisme paralysant, car marqué particulièrement par des actes de banditisme, de terrorisme et rapts, ne peut évoluer. Pour rompre quelque peu avec cette méfiance, générée par ces phénomènes, en tentant de redorer un tant soit peu l'image hospitalière du peuple algérien, des écoles supérieures de formation et spécialisées en tourisme international, à l'image de l'ESIG et l'ESIHT, organisent de temps à autre des sorties sur le terrain ou des séminaires en collaboration avec leurs partenaires étrangers. C'est le cas récemment avec la tenue d'une journée de sensibilisation, organisée à Tizi Ouzou par l'ESIG (Ecole supérieure internationale de gestion) en collaboration avec le journal Destinations Algérie, un périodique traitant du tourisme et de l'environnement, et leurs partenaires français. Les organisateurs ont invité des spécialistes parmi lesquels des représentants de l'Association mondiale de formation hôtelière et touristique (Amforht), de l'expertise internationale de tourisme (EIT) ou de la Fédération nationale des offices de tourisme (FNOT), ainsi que ceux de la direction centrale du ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat (MATA). Cette occasion a permis aux spécialistes invités de présenter de succinctes communications devant un parterre de dizaines d'étudiants, de stagiaires et de leurs enseignants fort intéressés par le thème. Saïd Boukhelifa, expert international en tourisme et membre de l'Amforht, axera son intervention sur «la place des agences de voyages dans la chaîne de l'activité touristique». Il déplorera : «Le tourisme algérien, plongé dans un marasme sans fin depuis 1981, dégage actuellement une triste image d'abandon par les pouvoirs publics.» Il a rappelé que les «Assises nationales de 2008 sur ce secteur avaient certes ramené un espoir avec l'élaboration d'un schéma directeur d'aménagement touristique (Sdat) en projection à l'horizon 2030, mais cette méthode est vite oubliée par les décideurs, et l'enthousiasme qu'elle avait suscité s'est carrément éteint», a-t-il déploré. M. Boukhelifa fera remarquer aussi : «Le secteur du tourisme avait connu une décennie prodigieuse en 1970-1980, mais celle-ci a fini par connaître un déclin malheureux, inconsciemment ou sciemment entretenu.» Aujourd'hui, ajoute le même orateur : «Pour redonner son aspect touristique à l'Algérie, l'instauration d'une visibilité, d'une lisibilité, ainsi qu'une volonté politique réelle par les gouvernants est impérative.» A l'origine du déclin du tourisme dans notre pays, M. Boukhelifa évoque comme exemple «l'abandon de la charte du tourisme de 1966, élaborée sous la direction de l'ancien ministre de ce secteur, Abdelaziz Maoui (1966-1977), par le regretté Fernand Pouillon, un architecte urbaniste français de renom, concepteur des complexes touristiques balnéaires de Moretti, de Sidi Fredj, de Zéralda, de Tipasa et beaucoup d'autres encore». D'autres communicants, dont A. Zaïd, DG de l'ENST, Mohamed Azouz, directeur de la Fédération nationale des Offices de tourisme (FNOT) ou de Mourad Kezzar, journaliste, membre de l'Amforht, ont étayé la même idée, tout en exhortant à «aller vers la formation d'agents en tourisme, notamment au sein des collectivités locales, en établissant des réseaux d'écoles de formation, avec des projections à long terme pour un développement progressif du secteur». Il est urgent, a-t-on ajouté, «d'élaborer à l'entrée de tous les centres urbains ou villages d'Algérie des cartes indicatives, des panneaux de renseignements et d'orientation vers des sites touristiques existants. Ces panneaux doivent porter des indications en plusieurs langues (locales et étrangères), comme il est impératif d'assurer une fluidité dans le transport par des plans de circulation adéquats et appropriés pour chaque zone». L'on n'a pas manqué de déplorer que l'Algérie soit classée, aujourd'hui, parmi les derniers pays en matière de tourisme, alors qu'elle est une région dotée naturellement de sites touristiques paradisiaques à travers les quatre points cardinaux de son vaste territoire, autrement dit, nantie en la matière beaucoup mieux que ses voisins immédiats de l'Afrique du Nord. A l'heure de la modernité dans la communication et la liaison instantanées, accessibles grâce à la toile universelle, «il est inadmissible que des collectivités locales ou des agences de tourisme n'aient pas encore leurs propres sites web ou qu'on ne trouve pas de guides touristiques sur des zones ou localités historiques de leur dépendance directe pouvant intéresser des visiteurs potentiels», pensent les organisateurs de la rencontre.