Plus de la moitié des Angolais vivent avec moins de deux dollars par jour. La chute des prix du baril de pétrole, qui représente 72% des recettes de l'Etat, a précarisé encore plus leur situation. Le coût de la vie a augmenté, certains fonctionnaires ne sont plus payés régulièrement. Les salariés de la société nationale des transports urbains de Luanda n'ont pas touché de salaire depuis plus de 9 mois. Symbole de cette situation, les poubelles jonchent certaines rues de la capitale : le ramassage des ordures dans la capitale n'est plus efficace. Les grands projets d'infrastructures sont paralysés, or la construction emploie des millions d'Angolais. Les étrangers, principalement des Portugais, ont vu leurs contrats non-renouvelés faute de moyens. En réaction à la baisse des revenus, l'Etat a réformé le système de subventions de l'eau et du carburant. Il est également impossible de retirer des dollars aux guichets des banques. Le kwanda, la monnaie locale, a perdu 35% de sa valeur en un an. Au marché noir, il s'échange à «un dollar contre 335 kwanzas», au lieu de 155 kwanzas au taux officiel. Au mois de décembre, le gouverneur de la Banque nationale du pays, José Pedro de Morais, se voulait rassurant : «La balance des paiements est déficitaire et il y a moins de ressources étrangères, mais le budget de l'Etat pour l'exercice 2016 tente de répondre à cette difficulté temporaire». Le 23 février, le ministre angolais de l'Agriculture avait pour sa part déclaré : «L'Angola peut faire sans le pétrole.» N'empêche, Luanda a demandé 650 millions de dollars à la Banque mondiale, elle va augmenter ses impôts en 2016, licencier des milliers de fonctionnaires et réduire très fortement ses dépenses publiques. Les observateurs s'attendent à des mouvements de protestation. Autre facteur qui risque d'aggraver la situation de la population : la sécheresse menace désormais plus de 800 000 Angolais de pénuries alimentaires.