Trois jours après l'attaque terroriste de Ben Guerdane, en Tunisie, Alger réaffirme son soutien à Tunis et rappelle l'existence d'une coordination sécuritaire permanente entre les deux pays pour faire face à la menace terroriste venant de la Libye. «Il existe entre les services de sécurité algériens et tunisiens une coordination et un échange d'informations pour protéger nos deux pays et sociétés», a déclaré le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, jeudi dernier, en marge d'une conférence nationale sur l'économie, le commerce intérieur, les impôts et la Sécurité sociale. Soulignant l'importance de «poursuivre cette coordination», le ministre, dont la déclaration a été rapportée par l'APS, a précisé que «la sécurité de la Tunisie et de ses frontières est celle de l'Algérie et la sécurité de l'Algérie et de ses frontières est celle de la Tunisie». Noureddine Bedoui a salué les institutions sécuritaires tunisiennes pour le «professionnalisme» avec lequel elles ont fait face à l'attentat de Ben Guerdane. Il a aussi indiqué que l'Algérie, qui traverse une conjoncture économique et financière «précaire», est également guettée par les «dangers» le long de ses frontières. Le ministre de l'Intérieur appelle tout un chacun à faire montre de vigilance et à accompagner les institutions sécuritaires, dont l'Armée nationale populaire (ANP), pour la préservation de la stabilité. Selon lui, «la préservation de la sécurité et de la stabilité n'est pas du seul ressort de l'armée ou des institutions sécuritaires». «Cet acquis, a-t-il ajouté, devra compter parmi les priorités de chacun de nous afin de pouvoir concrétiser les stratégies futures dans les différents domaines.» Le délabrement politico-sécuritaire libyen et l'activité des différents groupes terroristes dans la région du Sahel inquiètent au plus haut point les responsables des deux pays. Si une coordination sécuritaire permanente est en place depuis bien longtemps, la complication de la situation à la frontière tuniso-libyenne, avec l'arrivée des groupes affiliés à Daech qui veut s'installer sur une partie du territoire tunisien, demande une jonction des moyens et une collaboration encore plus étroite entre les services de sécurité des deux pays. Et c'est ce qui semble se faire sur le terrain. Les responsables algériens et tunisiens se rencontrent régulièrement. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, s'est entretenu jeudi dernier au Caire avec le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khamais Jihnaoui, en marge de la 145e session du Conseil ministériel de la Ligue des Etats arabes. Les deux ministres ont examiné la situation qui prévaut dans la région et exprimé leur «profonde préoccupation» face à l'expansion du terrorisme qui menace «la stabilité des pays de la région». Ils ont également passé en revue les derniers développements intervenus en Libye et ont appelé les parties libyennes à «tout entreprendre pour accélérer la mise en œuvre de l'accord politique libyen et l'établissement du gouvernement d'union nationale à Tripoli», à même de permettre de lutter contre l'expansion des groupes terroristes de Daech. Les deux parties ont convenu de poursuivre leur concertation lors de la 8e session des pays voisins de la Libye, prévue à Tunis le 22 mars.