L'agriculture est et reste l'unique alternative à la ressource pétrolière qui enregistre actuellement une chute sensible. Cette réalité est connue de tous, mais ce secteur peine à se hausser à la place qui lui revient de droit. Des experts et des responsables dans le domaine ont tenté, hier, d'expliquer les raisons de ce retard et les problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs, lors d'une rencontre-débat organisée par la commission parlementaire de l'agriculture, de la pêche et de la protection de l'environnement de l'APN sur la problématique de l'agriculture en tant qu'alternative incontournable à la ressource pétrolière. Akli Moussouni, expert en agriculture, a été très critique à l'égard du pouvoir qui n'a pas su investir dans ce secteur porteur. Pour lui, l'agriculture doit être le leitmotiv de la diversification de l'économie en dehors des hydrocarbures. Mais pour cela, il faudrait avoir, selon l'expert, une vision à long terme qui permettrait aux pouvoirs publics de construire une stratégie et d'élaborer un programme précis. Malheureusement, ce n'est pas le cas chez nous. Le secteur, explique encore M. Moussouni, fonctionne avec une configuration des plus archaïques et de surcroît de manière traditionnelle. «Comment, avec un tel schéma, demander aux agriculteurs d'atteindre la perfection ? Cela relève quasiment de la mission impossible», tranche le conférencier. Evoquant les insuffisances du secteur, l'orateur fait remarquer que les agriculteurs ne reçoivent pas l'appui de l'Etat pour accélérer la production et ne sont nullement organisés en filières pour répondre, en cas de besoin, à des objectifs bien définis ; en outre, ils n'ont jamais été sollicités pour participer au développement du pays ou répondre à un besoin économique. «Si l'on n'organise pas le secteur et qu'on ne fasse pas appel aux agriculteurs, comment voulez-vous que cette catégorie contribue à sortir le pays de la crise ?» se sont interrogés des participants à cette rencontre. Et de proposer la prise en charge urgente de ce secteur en traçant une vision à long terme pour qu'il devienne un producteur de richesses au lieu d'être une charge pour l'Etat. Pour cet expert, la politique agricole doit avoir comme axe de développement la sécurité alimentaire qui se concrétisera en se basant sur notre potentiel de production. Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), a fait part que des discussions sont engagées avec les parties concernées afin d'élaborer des textes de loi conformes à la réalité du terrain et aux besoins des agriculteurs. Il revendique la révision de la loi régissant les Chambres d'agriculture, l'accélération de la mise en application des politiques agricoles, l'amélioration du soutien financier aux agriculteurs, la réhabilitation de la Caisse nationale de mutualité agricole. M. Alioui a également suggéré la prise en charge de la production lorsqu'elle est importante, la protection du secteur de la concurrence déloyale et que la sécheresse soit considérée comme catastrophe naturelle.