Le président de l'APN, Larbi Oul Khelifa, a souligné que l'agriculture, qui constitue « notre trésor oublié », se doit de s'adapter à la donne actuelle en tant que richesse inépuisable en vue de booster notre économie soumise à une dépendance alimentaire dangereuse. 80% des produits de consommation proviennent de l'importation. Ould Khelifa, qui plaide pour « une révolution dans le secteur agricole », tient à préciser que l'engagement d'une nouvelle politique est susceptible d'assurer « une renaissance à l'Algérie » si toutefois, elle réussit à garantir la suffisance alimentaire. Il incitera les experts conviés à cette rencontre à enrichir le débat par des conclusions qui seront soumises au gouvernement. Le président de l'APN a tenu à préciser que l'enjeu de l'heure, c'est d'abord comment créer des ressources afin de protéger notre pays des menaces externes. Cela implique la mise en place d'une nouvelle politique agricole sacralisant « la terre en tant que source noble de richesse ». Celle-ci se doit également de réhabiliter l'agriculteur en tant qu'acteur stratégique de ce secteurs. Slimane Sadaoui, président de la commission parlementaire de l'agriculture, de la pêche et de la protection de l'environnement, a souligné que cette rencontre se veut une valeur ajoutée à l'action déjà en marche dans le cadre du programme présidentiel. L'initiative a pour ambition, ajoute-t-il, de contribuer à l'amélioration de la stratégie en place et ce, à travers les propositions d'experts qui devront permettre une meilleure exploitation des capacités nationales. Considérer la sécheresse comme catastrophe naturelle Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), a dressé, pour sa part, une situation exhaustive du secteur agricole en faisant remarquer que des discussions ont été engagées avec différentes parties dans le cadre de la préparation des textes législatifs y afférents afin de mettre en œuvre des lois conformément à la réalité du terrain et des besoins des agriculteurs. « Remplacer l'or noir par l'or vert n'est pas chose aisée car la facture alimentaire de l'Algérie ne cesse d'augmenter. Ce constat résulte essentiellement du problème du foncier agricole n'ayant pas bénéficié de la considération souhaitée », indique Alioui en espérant que « la nouvelle constitution puisse offrir une meilleure place à ce secteur névralgique ». Tout en favorisant la voie du dialogue, il a appelé à bannir la bureaucratie et la marginalisation afin de permettre l'épanouissement des agriculteurs. Alioui a revendiqué à l'occasion, la révision de la loi sur les chambres d'agriculture, l'accélération de la mise en application des politiques agricoles, l'amélioration du soutien financier aux agriculteurs et la réhabilitation de la caisse nationale de la mutualité agricole. Il a également proposé l'allégement des charges des agriculteurs et la levée des obstacles auxquels ils sont confrontés. Une mission « impossible » assignée aux agriculteurs Il citera à titre d'exemple la nécessité de prendre en charge la production quand elle est importante et la protection du secteur de la concurrence déloyale. Alioui a suggéré dans ce sens de considérer la sécheresse en tant que catastrophe naturelle. Akli Moussouni, expert économique en agriculture, a reconnu qu'une « mission impossible » a été assignée aux agriculteurs puisque le secteur fonctionne toujours avec une configuration archaïque. Parlant des manquements du secteur agricole, il a fait savoir que les agriculteurs ne sont pas organisés en filières ou en module pour des objectifs économiques précis. Ils ne reçoivent pas le soutien de l'Etat pour augmenter la production. Ils ne sont pas censés répondre aussi à un besoin économique du fait qu'on ne le leur a pas demandé. En plus, la vocation des territoires et les habitudes de consommation n'ont pas été respectées. Ce qui implique l'instauration d'une vision à long terme qui puisse permettre à ce secteur de devenir un producteur de richesse au lieu d'être une charge pour l'Etat. Moussouni affirme que tout ce qui est hasardeux ne peut pas donner des résultats en l'absence de marché normalisé. La politique agricole doit avoir, selon lui, comme axe de développement la sécurité alimentaire. Pour ce faire, il faut se baser sur notre potentiel de production. Il soutiendra que la sécurité alimentaire constitue l'axe de développement. Il faut exploiter la problématique de l'importation pour l'intégrer dans la stratégie de diversification. Il faut agir à travers des périmètres et non pas à travers des agriculteurs. L'exploitation de ces périmètres doit obéir à des conditions techniques. L'agriculture doit s'impliquer dans la diversification de l'économie.