Le coup d'envoi officiel de l'année universitaire sera donné aujourd'hui par le président de la République à partir de Batna. Un événement qui offrira certainement au chef de l'Etat l'occasion de prononcer un discours de circonstance et surtout convoquer le corps électoral en prévision du référendum sur la révision de la Constitution prévue pour le mois de novembre. Batna qui accueille Bouteflika pour la énième fois depuis son investiture n'en parait pas spécialement attentionnée. Il est vrai que la ville de Liamine Zeroual et de Ali Benflis n'a été désignée pour accueillir l'événement que tardivement. Une destination de substitution si l'on veut puisque l'ouverture de l'année universitaire était programmée à Constantine depuis plusieurs mois déjà. La grève de l'université et l'implication active des enseignants de Constantine, contrairement à ceux de Batna, doivent avoir fait opter les services de la présidence pour la capitale des Aurès. Ceci ne change rien, cependant, pour les grévistes universitaires qui attendent beaucoup de ce discours et espèrent de la part du chef de l'Etat des décisions politiques en leur faveur après l'échec de leur tutelle dans le traitement de leurs revendications, notamment concernant le statut particulier. La circonstance sera aussi le moment idoine pour Bouteflika de réagir aux chiffres récents livrés au sujet du nombre de cadres qui quittent le pays chaque année et la saignée que constitue le phénomène de la fuite des cerveaux. Mis à part la cérémonie universitaire et le discours, Bouteflika est invité à visiter la ville de Batna et devra s'enquérir de la situation du développement à travers les 22 points concoctés par les services de la wilaya. Un programme de visite que d'aucuns qualifient de chargé en considérant l'état de santé du Président et les contraintes du jeûne. La ville paraissait paisible, hier, et cédait à la routine des journées du Ramadhan. Une animation coutumière caractérisait les artères principales et le marché du centre-ville, destination de choix des jeûneurs qui fourmillaient sous de suaves effluves se dégageant des fourneaux des z'labdjis. Un couple rencontré devant un magasin d'habillement pour jeunes a refusé de commenter la visite présidentielle ; l'homme et la femme ont préféré évoquer les malheurs de leur bourse grevée par les dépenses de la rentrée scolaire, le Ramadhan et dès maintenant, les achats pour l'Aïd. Adel et Rahim, deux jeunes vendeurs de khatfa sur la rue jouxtant le théâtre, n'ont pas hésité par contre à nous répondre en transmettant un message à Bouteflika. « Nous voulons du travail », ont-ils répété en chœur, oubliant qu'ils n'ont pas encore l'âge de la majorité. Ils ont aussi manifesté leur fidélité à leur club local de football. Celui-là même qui souffre d'une crise sans précédent et dont les supporters ont promis de manifester aujourd'hui dans la rue pour attirer l'attention du premier magistrat du pays et hôte de leur ville.