L'audience du procès Saipem qui s'est déroulée, hier, devant la quatrième section pénale du tribunal de Milan a duré environ trois heures, et s'est caractérisée par la requête avancée par les avocats de Farid Bedjaoui. Maître Guido Alleva, chargé de la défense du neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères, a demandé à la cour d'interroger son client et de convoquer l'ancien ministre de l'Energie algérien, Chakib Khelil, comme témoin dans cette affaire qui voit sept prévenus jugés pour «corruption internationale» et «fausses déclarations fiscales». La justice italienne se prononcera sur ce point lors de la prochaine audience fixée au 4 avril. Outre quatre anciens dirigeants de Saipem, la société elle-même, trois Algériens sont poursuivis dans cette affaire qui concerne l'octroi de marchés par Sonatrach à Saipem pour un total de 11 milliards de dollars, dans des conditions suspectes. Farid Noureddine Bedjaoui, son homme de confiance Samir Oureiyed et Omar Harbour, accusé d'avoir blanchi l'argent des pots-de-vin — plus de 198 millions de dollars — notamment dans l'acquisition de biens immobiliers de luxe, au profit de l'ancien ministre Khelil. Pour sa part, le parquet a demandé que les preuves recueillies soient admises et que l'ancien administrateur délégué de Saipem, Pietro Tali, soit interrogé. Rappelons que Tali avait été poussé par sa hiérarchie à présenter sa démission dès que le scandale Saipem-Sonatrach avait éclaté. Le procureur de la République, Fabio de Pasquale, et ses collègues, Isidoro Palma et Giordano Baccio, veulent également que l'ancien administrateur d'Eni, Paolo Scaroni, et l'actuel patron du groupe, Claudio Descalzi, ainsi que le président de Saipem, Stefano Cao, soient entendus comme témoins. Les magistrats veulent entendre ces personnes comme étant des responsables informés sur les «contacts existants entre l'ancien patron d'Eni et l'ancien patron de Saipem, d'une part et ceux entre Scaroni et Khelil d'autre part». Le tribunal de Milan, semble décidé à tenir séparé ce procès de la procédure qui s'est ouverte avec l'annulation par la cour de cassation du non-lieu prononcé par la juge pour les audiences préliminaires, Alessandra Clemente, en faveur de l'ancien n°1 d'Eni, Paolo Scaroni, du groupe énergétique italien lui-même et de l'ancien représentant d'Eni pour l'Afrique du Nord, Antonio Vella. En attendant de prendre connaissance des motivations des magistrats de la cassation, qui ont accueilli le recours du parquet de Milan, le procès poursuit ses débats. La prochaine aura lieu le 4 avril, au terme des vacances pascales. Un délai court pour la justice italienne qui dénote de la volonté des juges d'aller au bout de ce procès et d'éviter le risque de voir toute la procédure judiciaire tomber dans le gouffre de la prescription.