La diversification des filières et spécialités, en adéquation avec l'évolution du marché de l'emploi, s'est imposée en tant que ligne de conduite pour l'université algérienne. L'épreuve du terrain a dicté, sur le long terme, une adaptation du diplôme universitaire, aux aspirations des acteurs socioéconomiques. L'université Frères Mentouri (UFM) de Constantine a emboîté le pas à certaines institutions algériennes et même étrangères pour introduire dans les cursus des disciplines jusqu'alors, non pas méconnues, mais jouissant de peu d'intérêt dans la nomenclature de l'enseignement supérieur. Dont les filières liées à l'environnement. Ainsi, après l'introduction parcimonieuse de quelques spécialités dans ce domaine, ayant peu d'impact voire de débouchés dans le monde du travail, l'UFM passe à la vitesse supérieure en instaurant une plateforme des énergies renouvelables, motivée dans sa démarche par le souci d'inculquer une formation de qualité. «Dans la perspective de proposer aux étudiants des formations de qualité, l'université Frères Mentouri s'est dotée d'une plateforme des énergies renouvelables», précise le recteur Abdelhamid Djekoun, dans un communiqué. L'université Mentouri propose ainsi dans certains de ses cursus une formation destinée à l'appropriation des techniques spécifiques aux énergies renouvelables. «L'UFM Constantine a développé des parcours de formation adossés à la thématique des énergies renouvelables dont l'objectif est d'optimiser l'exploitation des ressources en énergie, d'adopter les nouvelles approches didactiques en proposant des parcours de formationaux étudiants pour l'appropriation des techniques et instruments pour la mesure et le suivi de la consommation de l'énergie et des écosystèmes», soutient-on. La plateforme en question regroupera plusieurs domaines répertoriés en cinq catégories : l'énergie et rayonnement solaire ; l'énergie de la biomasse ; l'énergie éolienne ; l'énergie géothermique et l'énergie hydraulique. Dans le détail, il s'agit de conversion photovoltaïque, de conversion thermique et thermodynamique ; de voies de conversion humides (fermentation méthanique et alcoolique) ; de voies de conversion sèches (combustion, carbonisation, gazéification) ; de conversion mécanique et électromécanique ; de la récupération sous forme de chaleur et de laconversion électromécanique. Pour les profanes, c'est là un éventail des opportunités qu'offre le domaine des énergies renouvelables où les disciplines-phares et savantes, telles la physique et la chimie, sont mises à contribution pour se soustraire aux énergies fossiles dont les fluctuations et l'épuisement interpellent sur un changement de cap. Un cap qui a pris largement du retard dans notre pays, alors que la «matière première» pour les énergies renouvelables est disponible sur toute l'année. «La maîtrise des énergies renouvelables ainsi que leur bonne gestion passent par une formation de qualité des ressources humaines en cadres et en personnel de gestion et d'exécution afin de s'engager dans une stratégie pérenne de développement durable» argue le rectorat de l'université Frères Mentouri. Après avoir lancé le débat sur les énergies renouvelables, cette dernière amorce la concrétisation de ses recommandations. «De nombreuses recherches font état des applications des énergies renouvelables et du développement durable», ont précisé plusieurs experts internationaux lors du 2e Séminaire international sur le génie climatique et l'énergétique (SIGCLE), tenu les 9, 10 et 11 novembre 2015 au campus de 500 places pédagogiques. Organisée par le Laboratoire de génie climatique (LGCC) relevant de la faculté des sciences de la technologie, cette manifestation entrait dans le cadre des activités scientifiques de l'université ; elle a réuni des spécialistes algériens, belges, canadiens et français autour de trois thématiques principales, à savoir les systèmes énergétiques, la thermique du bâtiment et énergies renouvelables et le développement durable. L'objectif étant «de faire le point sur l'état d'avancement de la recherche dans ce domaine, de permettre aux chercheurs de présenter leurs travaux et de créer le cadre pour tisser des liens de coopération et de diffuser les résultats des recherches afin de les soumettre aux industriels et aux décideurs», ont affirmé les organisateurs. Entre la théorie et la pratique, le pas a de fortes chances d'être franchi avec cette plateforme des énergies renouvelables. DES AVANCEES À SON ACTIF Force est de reconnaître que l'université Frères Mentouri saisit toutes les opportunités pour marquer, à chaque fois que possible, une avancée dans le domaine de la modernisation de l'enseignement supérieur. Et ce n'est nullement une lubie. L'université, à travers le monde, sert de vestibule pour les recruteurs. En effet, à l'instar de l'universitésd'Oran, de l'USTHB de Bab Ezzouar, des universités de Guelma, Tlemcen, Sétif, Sidi Bel Abbès, Tizi Ouzou, Annaba, Médéa, de l'ENP d'Oran et du Cerist, l'UFM s'est dotée récemment d'un plateau technique de calcul intensif basé sur une architecture commune à tous les centres universitaires, composé de plusieurs serveurs connectés en clusters. Sans s'attarder sur les capacités des processeurs et serveurs composant ce cluster, «sa mission première est de mettre à disposition des ressources de Hight Performance Computing pour la communauté de l'université Frères Mentouri Constantine», nous a-t-on confié. Ce plateau technique (HPC) installé au campus de technologie (Châab Erssas), dans les anciens locaux du service de l'audiovisuel et au sein même des bâtiments qui abritent plusieurs laboratoires de recherche spéciale, est à la disposition de la communauté universitaire pour une exploitation maximale de la communication. Coopération CCIR-UFM L'institution universitaire joue aussi au VRP. Le 20 mars dernier, l'université Constantine 2 a signé une convention de formation en post-graduation avec la Chambre de commerce et d'industrie Rhumel (CCIR) prévoyant le lancement de formations en post-graduation spécialisées en sciences économiques, commerciales et de gestion (options : management-marketing, audit comptable et financier, comptabilité et finances). Dans cette stratégie de rapprochement entre le monde de l'entreprise et celui pourvoyeur de compétences, ladite formation devrait être lancée à la prochaine rentrée universitaire. Exigeant un niveau bac+3, elle sera dispensée, pour la première étape, dans les spécialités management, marketing et audit financier. Une sélection motivée par la demande, semble-t-il, car «ces spécialités sont les plus sollicitées dans le monde de l'entrepreneuriat» argumente le président du CCIR, Djamel-Eddine Souici. Une première convention que les responsables ambitionnent de rééditer en la généralisant à d'autres pôles et qui demeure, toutefois, tributaire de l'assentiment du ministère de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique. Cette jonction entre la Chambre de commerce et d'industrie et l'université obéit à une logique économique visant l'émergence de synergies attractives. «La CCIR a lancé, il y a plus d'une année, un programme relatif à une série de formations au profit des opérateurs économiques constantinois avec des encadrements renouvelés, assurés par des experts nationaux et étrangers», a expliqué M. Souici. Et d'annoncer l'installation prochaine de la direction des études de la CCIR, qui interviendra de concert avec l'université sur la méthodologie à observer dans cette collaboration.