Les enquêteurs de la brigade de recherche économique et financière du groupement de la Gendarmerie nationale d'Alger sont, depuis deux semaines, à pied d'œuvre à Réghaïa. Ils épluchent, selon une source sûre, des dossiers relatifs aux passations de marchés douteux et sur-évaluation de projets qui seraient, pour leur part, abandonnés ou non achevés. Notre source précise que le vice-président chargé de l'urbanisme, le chef de service de l'urbanisme ainsi que deux ingénieurs chargés du suivi du projet et de l'entreprise de réalisation du stade de proximité de Haï El Bey ont été également auditionnés par les enquêteurs. En l'absence de l'entrepreneur qui aurait recouru à la location d'un registre du commerce, les enquêteurs ont entendu le propriétaire du registre du commerce. Abandonné par le bâtisseur suite à l'effondrement du mur de clôture, ce projet aurait causé à l'Apc des pertes financières évaluées à plus de 600 millions de centimes. D'autres dossiers de projets non encore achevés comme la salle omnisports, la bibliothèque communale, l'école Chebcheb, ou encore les trois marchés de proximité, seront passés au peigne fin par les éléments de la brigade de recherche. Par ailleurs, notre source précise que les gendarmes s'intéresseraient également aux travaux de réhabilitation du siège de l'Apc, endommagé suite au séisme de mai 2003 et qui aurait ingurgité la bagatelle somme de 3,5 milliards de centimes. Ce marché aurait été fractionné en plusieurs tranches et attribué à pas moins de cinq entrepreneurs, et ce, en contradiction avec les dispositions régissant les marchés publics. Dans un autre chapitre, le processus de « dégommage » du vice-président chargé des affaires sociales et culturelles, Ahmed Makhloufi, suit son cours. Sur proposition du DAL (directeur de l'administration locale), sous le n°2014 du 16 septembre 2006, l'annulation de la décision d'installation de Ahmed Makhloufi au poste de vice-président à l'Apc de Réghaïa a été signée par le SG de wilaya. Cette décision fait suite à une correspondance du wali délégué de Rouiba n°1463/06 du 9 juillet 2006 et une délibération des élus de l'Apc en date du 22 avril 2006. Sauf que, selon des documents en notre possession, cette dernière délibération n'a jamais été approuvée par le DAL puisque ce dernier avait refusé, en date du 17 mai 2006, sous le n°146/2006, la délibération sous motif qu'il fallait distinguer entre les procès-verbaux de réunion (PV) et les délibérations. M. Belhaddad avait, par la suite, mis « lu et approuvé » sur un PV de réunion vidé de l'intervention de M. Makhloufi. Le hic dans toute cette affaire est que l'élu pressenti au poste de vice-président chargé du social a été condamné à une année de prison avec sursis par la cour de Boumerdès pour atteinte à la propriété d'autrui ; délit réprimé par l'article 386 du code pénal. Ce verdict sera confirmé par la cour de Boumerdès en date du 25 mai 2006 sous le n°684/06, après une cassation du procureur général. Appuyé par le wali délégué de Rouiba, du P/Apc de Réghaïa et du DAL, l'élu condamné aurait distribué, lors du précédent mandat, 250 décisions d'affectation de lots de terrain, propriété de l'Etat, sur une superficie totale de 117 136 m2. 357 décisions de logements ont été attribuées à des amis, proches et connaissances. Le secrétaire du P/APC a bénéficié, selon le même document, de sept lots de terrain à bâtir. Le directeur de l'administration locale et des élus (DAL), d'après Ahmed Makhloufi, aurait été destinataire de ce jugement définitif mais aurait refusé de le réceptionner. Idem Pour le P/Apc qui aurait refusé de transmettre le jugement au DAL. « Le DAL m'a reçu au couloir et m'a rétorqué qu'il était sous pression et que nous étions une APC à problème. D'ou vient cette pression si ce n'est du wali délégué », déclare notre interlocuteur qui précise que les articles 32 et 33 de la loi 90/09 relative aux communes sont claires, puisqu'ils stipulent qu'en cas de condamnation par la justice, l'élu est relevé de ses fonctions par le wali. « Ces textes demeurent appliquées selon les affinités et les intérêts. Au lieu de le relever de ses fonctions, on est en train de le promouvoir au poste de vice-président », se désole M. Makhloufi qui affirme que le P/APC de Heuraoua, en dépit d'un retrait de confiance de la majorité des élus depuis plus de 7 mois, n'a pas été inquiété.