L'association culturelle Ikhettaben, dans la commune d'Adekar, a organisé du 24 au 26 mars passé, la 2e édition de son festival de théâtre d'expression amazighe. Ce festival, qui coïncide avec la célébration de la tradition locale Amghar ucequf, se veut un espace d'expression pour les troupes théâtrales amatrices et une occasion pour maintenir et faire connaître une tradition ancestrale en perdition. Le village Ikhettaben a déployé pour cet événement ses plus beaux atours et a vécu durant trois jours dans une douce ambiance. Structuré autour de la tradition Amghar ucequf, qui est elle-même une sorte de théâtre de rue, le programme des festivités, même s'il comporte différentes activités, est articulé essentiellement autour du 4e art. Les troupes théâtrales de cinq associations — ACAU d'Ikettaben, Lemri d'El-Kseur, Numidia de Tizi-El Korn, AAJ d'Aït Yahia, SMA Ath Waghlis — se sont relayées sur les planches et ont présenté, devant un public en majorité jeune, des productions de leur cru. Les représentations données, en dépit des moyens dérisoires dont disposent les associations, ont obtenu l'agrément des spectateurs, ce qui a fait dire à certains festivaliers que «le théâtre est un art majeur que les autorités se doivent d'encourager et les industriels de sponsoriser». Vieux masqués, enfants gâtés Précédé dès le 17 mars par les sorties nocturnes conduites par «deux vieux masqués» pour la collecte des offrandes rituelles (œufs et argent), ce festival a débuté par une symbolique opération de plantation d'arbres pour dire l'importance de ce geste dans la vie d'un individu ou d'une communauté. En sus d'une exposition prolongée présentant les costumes de cérémonie des «deux vieux masqués», des objets traditionnels de Nadhira Haddad, des sculptures sur bois de Saïd Oubira, des photos de vestiges anciens de l'association Adrar N'ezzen, le public a eu droit, outre les représentations théâtrales quotidiennes, à d'autres activités culturelles et distractives. Ainsi, des ventes-dédicace avec les éditeurs et écrivains Rachid Oulebsir et Tarik Djerroud, un spectacle de magie avec le magicien Djohri, des soirées musicales animées par des chanteurs locaux (Arezki Aâmriw et Lounis Amayas) ont attiré la foule. Par ailleurs, faisant halte dans la région d'Adekar, la caravane de Mostaganem, composée des meilleurs élèves du CEM Mohamed Cherif Si Saoud, qui sillonnait la Kabylie sous le slogan «Connaître la langue et les coutumes de la Kabylie», a honoré de sa présence ce festival et s'est imprégnée de l'atmosphère bucolique et fraternelle ayant caractérisé cette manifestation. «C'est toujours bénéfique ces rencontres et échanges entre différentes régions du pays» indique, dans ce cadre, un festivalier. La dernière soirée du festival a été marquée par la cérémonie de distribution des offrandes aux 250 enfants recensés. Chaque enfant du village âgé de moins de 12 ans a reçu, à cette occasion, 5 œufs et 200 DA. Alliant traditions et 4e art, ce festival, de l'avis de plusieurs participants, est un espace à préserver et à renforcer tant il fait honneur à l'art, à la tradition et gâte les enfants. Fertas Ahmed, le président du festival, ne cache pas sa satisfaction devant la réussite de l'événement. D'après lui, les festivités se sont déroulées, à quelques exceptions près, selon la programmation établie. «Organiser un festival n'est pas une sinécure, mais on a réussi le challenge en dépit de tous les aléas. Chose formidable cette année, il y a une fréquentation féminine record», indique-t-il.