Après WikiLeaks qui révélait un câble de l'ex-ambassadeur américain à Alger qualifiant de «rapaces» les frères Bouteflika et de «corrompu» le général Gaïd Salah, ce fut le tour des e-mails piratés de Hillary Clinton, probable prochaine présidente américaine à laquelle l'Algérie a donné 500 000 dollars non déclarés par le biais de sa fondation. Dernières fuites en date : Panama Papers qui débarque avec ses tera octets de données sur les paradis fiscaux impliquant des centaines de personnalités mondiales dont un ministre algérien en exercice et pas des moindres puisqu'il s'agit de celui qui doit faire décoller l'économie. On pourra toujours dire que l'opération est légale et que même un ministre a le droit de faire des affaires, sauf que Abdessalem Bouchouareb a créé sa société offshore spécialisée en négociation et obtention de contrats à l'international juste un an après avoir été nommé ministre de l'Industrie, c'est-à-dire pendant qu'il négociait des contrats pour le compte de l'Algérie. Il n'a évidemment rien mentionné de son patrimoine dans sa déclaration obligatoire de patrimoine et ce n'est pas grave ; dans les sombres arcanes du régime algérien, chacun peut clamer son innocence parce que c'est la justice qui est coupable. Mais on ne peut plus rien cacher, le petit éclatement d'une canalisation quelque part entraîne une fuite mondiale sur le réseau. Khelil et Bedjaoui sont innocents. Saadani aussi, même si aucun juge ne lui a demandé avec quel argent il a payé ses deux appartements dans des quartiers chics de Paris. Pris au piège mais protégés en haut lieu, il s'agira d'invoquer un complot extérieur ou intérieur et d'aller se purifier dans une zaouïa en prenant 40 millions d'Algériens pour des imbéciles qui n'ont pas internet, qui n'ont pas accès à l'information ou ne savent ni lire ni compter. Le vrai complot est de tenter de faire croire que la vérité elle-même est un complot.