Cité parmi les centaines de personnalités épinglées par "Panama papers", le wikileaks de la finance offshore, Abdeslam Bouchouareb s'est rapidement retrouvé au milieu des débats sur les réseaux sociaux algériens. Star virtuelle malgré lui, le ministre de l'Industrie et des Mines n'a pas été épargné par les critiques. Dès dimanche soir, les internautes algériens se sont emparés du sujet affichant parfois une certaine délectation à "taper" sur du ministre. Les révélations sur l'existence d'une société offshore appartenant au ministre ont fait réagir un certain Amine H., qui, dans un tweet moqueur sur l'information divulguée, écrit : "Bouchouareb a déposé un dossier Ansej au Panama." De son côté, Hakim Laâlam, chroniqueur du quotidien Le Soir d'Algérie, toujours sur twitter, n'hésitait pas à faire un parallèle avec une autre personnalité politique dont le nom est lié aux "affaires", en l'occurrence Chakib Khelil. Le journaliste publie un petit texte ironique, et dans lequel il ne cache pas son dépit : "Bouchouareb quitte précipitamment l'Algérie par Oran. Après 3 ans, il rentre triomphalement par la zaouïa (...) C'est lassant à la longue !" Toophyk, l'une des stars incontestées de la twittosphère DZ, et dès l'apparition du nom de Bouchouareb, s'est exprimé à sa manière. Revenant sur les investigations des 107 rédactions représentant 77 pays, qui, après un travail d'une année, ont publié les révélations de "Panama papers", son tweet, mis en ligne dimanche soir, en disait long sur sa position. "Encore de vils journalistes étrangers à la solde des étrangers justement et qui veulent souiller la réputation de nos intègres dirigeants !", a-t-il publié. D'autres internautes ont également remarqué que le ministre algérien est mis dans le même "sac" que plusieurs autres hommes politiques étrangers accusés de fraude fiscale. Dans une infographie publiée sur le site de France Tv, la photo de Bouchouareb voisine avec celle d'un certain Jérôme Cahuzac. Ce dernier n'est autre que l'ex-ministre français du Budget qui avait dû démissionner de son poste, en mars 2013, à la suite d'une fraude fiscale révélée par le journal électronique Mediapart. D'ailleurs, la question s'est rapidement imposée sur la Toile : démission ou pas ? Les paris étaient lancés. Pour Hafidh M., la réponse paraît évidente : "Qui a de l'argent à jeter par les fenêtres pour parier sur une démission de Bouchouareb ?" D'autres sont revenus sur le cas de Sigmundur David Gunnlaugsson, l'un des mis en cause dans "Panama papers". Le Premier ministre islandais est déjà sur la sellette et des manifestations sont prévues pour lui demander de quitter son poste. Dimanche soir, Gunnlaugsson avait donné une interview à la télévision suédoise SVT dans laquelle il paraissait mal à l'aise devant les questions en relation. La riposte de Bouchouareb sera-t-elle cathodique ? Pour Sabri B., la "destination" est toute indiquée : "À Alger, Bouchouareb réagira sur Ennahar pour balayer ces révélations." Plus pointilleux que d'autres, un certain Hamid S. a mentionné, dans une publication sur facebook, un détail qui est passé inaperçu. Ainsi, dans le document publié sur le site de l'Icij (Consortium international des journalistes d'investigation), et dans lequel étaient mentionnées les coordonnées de la société offshore de Bouchouareb, l'internaute algérien fera cette remarque : "C'est grave et incroyable qu'un ministre de la République, responsable d'un secteur névralgique, puisse avoir une adresse mail ([email protected] ) avec une extension (.fr) ?, et on ose nous parler de mantoudj bladi !" S. K.