La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a insisté, hier, sur la nécessité pour les Etats de redoubler d'efforts afin de soutenir la croissance économique, en soulignant que l'inaction actuelle ne faisait qu'accroître les risques. Dans un discours à l'université de Francfort, elle a estimé que la reprise économique mondiale qui a suivi la crise financière mondiale de 2007-2009 «reste trop lente, trop fragile et les risques sur sa pérennité augmentent», face aux risques croissants liés au ralentissement chinois et à la morosité des pays développés. «La bonne nouvelle, c'est que la reprise continue, nous avons de la croissance, nous ne sommes pas en crise. La moins bonne nouvelle, c'est que la reprise reste trop lente, trop fragile et que les risques qui pèsent sur sa durée de vie augmentent», a-t-elle expliqué. Tout en soulignant que cette situation équivaut à un état d'«alerte, pas d'alarme», la patronne du FMI pense toutefois que si les décideurs politiques peuvent affronter les défis et agir ensemble, «les effets positifs sur la confiance globale et l'économie globale seront importants». Et pour la première fois, Christine Lagarde fournit des exemples concrets et précis de mesures à envisager. L'institution de Breton Woods appelle, ainsi, les Etats-Unis à relever leur salaire minimum, l'Europe à améliorer sa formation professionnelle et les pays émergents à réduire les subventions sur les carburants et augmenter les dépenses sociales. Selon la directrice du FMI, la hausse du salaire minimum aux Etats-Unis, l'augmentation des crédits d'impôt pour les travailleurs pauvres et l'amélioration de l'indemnisation du congé parental pourraient ainsi se traduire par l'augmentation de la population active. Elle a également jugé que la zone euro devrait améliorer son système de formation et ses politiques d'emploi pour réduire le chômage des jeunes. L'amélioration des avantages fiscaux accordés aux investissements en recherche et développement (R&D) dans les pays avancés et la hausse de la dépense publique dans ce domaine pourraient se traduire, selon le FMI, par un gain de cinq points de croissance du produit intérieur brut (PIB) sur 20 ans. Ces déclarations interviennent moins de deux semaines avant les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, qui seront l'occasion de dresser un nouvel état des lieux de la croissance mondiale et de ses perspectives. «Je ne vais dévoiler aucun chiffre ici», mais «il y aura une légère révision» à la baisse par rapport à la dernière prévision qui table sur une croissance du PIB mondial de 3,4% en 2016, a prévenu la responsable de l'institution internationale. «La dynamique de croissance a été perdue», a convenu Mme Lagarde, citant le ralentissement chinois, l'effondrement du cours des matières premières et la reprise plus modérée que prévu dans beaucoup de pays riches.