Le Fonds monétaire international (FMI) vient de publier deux rapports successifs - le premier sur les finances des pays du G20, le second sur la France - qui soulignent la nécessité de lancer rapidement, une fois la crise passée, "des stratégies claires pour consolider les équilibres budgétaires à moyen terme". Entre 2007 et 2009, le déficit des 20 premières économies de la planète devrait en effet s'envoler de 5,5 points de PIB en moyenne : 2 points dus aux mesures ponctuelles de soutien de l'activité (baisses d'impôts, plans de relance…), le reste provenant du recul des rentrées fiscales et de la hausse des dépenses sociales (indemnités chômage…). Conséquence, toujours selon les calculs du FMI : la dette des pays du G20 s'alourdira de 40 points de PIB d'ici à cinq ans. "Du jamais-vu depuis la Seconde Guerre mondiale." Des arbitrages délicats attendent donc les gouvernements. Mettre fin trop vite aux plans de relance et la reprise serait "tuée dans l'œuf" ; les prolonger trop longtemps et des doutes sur la capacité des Etats à rembourser leurs créanciers feraient flamber les taux d'intérêt, au risque "d'un effet boule de neige sur la dette". "Il est trop tôt, à ce stade, pour arrêter les plans de relance", précise l'institution de Washington. Quelques mesures supplémentaires seront peut-être même nécessaires en 2010. Mais ensuite, il faudra agir pour rééquilibrer les budgets, et notamment pour "limiter la hausse des dépenses liées au vieillissement de la population" (pensions, santé) - une véritable obsession du FMI. La France, elle, "résiste mieux que la moyenne des pays européens", reconnaît le FMI. Grâce, notamment, à son système de protection sociale étendu. Le Fonds monétaire international juge la réponse du gouvernement à la crise "appropriée" : travaux d'infrastructures pour soutenir l'emploi, mesures de soutien aux groupes les plus vulnérables. Plus efficace que si le pays avait choisi des baisses d'impôts généralisées, qui auraient eu toutes les chances de se traduire par une hausse de l'épargne des ménages plutôt que par une augmentation de la consommation. Au passage, le Fonds approuve implicitement l'idée du grand emprunt, pourvu qu'il serve bien à des investissements d'avenir. Il n'empêche, Paris, "entré dans la récession avec une crédibilité budgétaire limitée", devra rapidement faire des efforts pour "éviter une dynamique insoutenable de la dette". Celle-ci, calcule le FMI, devrait approcher 92 % du PIB en 2012 (les dernières prévisions de Bercy sont de 88 %) et même 96 % en 2014 ! La faute, notamment, à une reprise plus molle que ne l'espère le gouvernement : la croissance ne dépasserait pas 1,7 % en 2011 et 1,9 % en 2012, là où la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, vise 2,5 %. La France est donc appelée à poursuivre ses réformes structurelles pour "doper sa compétitivité et sa croissance". Le FMI prône notamment "la poursuite de la modération dans la hausse du salaire minimum, la réforme de la formation professionnelle et le relèvement de l'âge légal de la retraite pour encourager l'emploi des seniors". Il souligne la "détermination" de l'exécutif et valide les récents "progrès" (budget pluriannuel, gel des dépenses de l'Etat en volume, baisse des effectifs de fonctionnaires, création de Pôle emploi et de l'Autorité de la concurrence, libéralisation de la grande distribution).