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Se perpétuer au pouvoir conduit à la dictature et corrompt l'âme de la nation
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Publié dans El Watan le 09 - 04 - 2016

Paraphraser Rudyard Kipling, c'est dire que «la Révolution algérienne n'a pas appartenu à ceux qui l'ont déclenchée, mais à ceux qui l'on terminée et qui l'ont tirée à eux comme un butin». C'est le propre de toute révolution d'être inachevée ou détournée. Ce ne sont pas ceux qui se sont battus qui ont recueilli les lauriers, sauf à titre posthume.
Le système politique imposé l'été 1962 par l'armée des frontières n'a pas attendu que le pouvoir lui soit donné par des élections, il l'a pris par un coup d'Etat.
Il a engendré des dirigeants qui veulent rester longtemps au pouvoir, ont confondu Nation, Etat et peuple, socialisme et capitalisme d'Etat, socialisme national et national socialisme, droit du peuple algérien à disposer de lui-même, et droit de l'Etat à disposer du peuple. Il a confisqué à son profit l'indépendance du pays.
Qui commande l'armée courtisée par tous, centre de décision, haut lieu où s'élabore la politique du pays par ses services de renseignements qui sont l'assise de son pouvoir, son instrument d'oppression et de répression, commande le pays ? La philosophie du système politique est que le président de la République, choisi par les décideurs de l'armée, est placé durant son mandat sous leur contrôle, il ne lui reste plus qu'à se soumettre ou se démettre. La vraie filière pour accéder au pouvoir passe par l'armée.
Abdelaziz BOUTEFLIKA a organisé sa marche vers le pouvoir absolu
Il a été désigné à la magistrature suprême par la hiérarchie militaire, et «élu» par des élections massivement truquées. Il a été porté au pouvoir en avril 1999, et maintenu envers et contre tous en avril 2004, en avril 2009, et avril 2014. Les trois priorités de Abdelaziz Bouteflika sont : prendre le pouvoir, l'exercer et étendre ses attributions, le garder, pour régner et gouverner à la fois, sans partage, sans contre-pouvoirs et sans contrôle.
La politique du président Bouteflika repose sur la technique de la conquête, de la pratique et de la conservation du pouvoir. Sachant que le pouvoir se garde par la force, et la loyauté par les privilèges et la corruption, il n'a ménagé ni l'une ni les autres.
Par le coup d'Etat constitutionnel du 12 avril 2008, il s'est donné tous les pouvoirs par la révision de la Constitution qui limitait à deux le nombre de mandats du Président.
Un Président qui dispose d'un pouvoir absolu confinant à la monarchie, où tout dépend de lui et de lui seul, n'est pas au service de l'Algérie, c'est l'Algérie qui est à son service. Il a écarté les uns après les autres les décideurs de l'armée qui l'ont fait roi, pour être roi par lui-même. Se perpétuer au pouvoir, le monopoliser, conduit à la dictature, l'une des dernières du XXIe siècle, qui corrompt l'âme de la nation.
Les quatre élections du président Bouteflika à la magistrature suprême n'ont pas dépendu du choix du peuple consacré souverain par la Constitution, mais du choix des décideurs de l'armée, du DRS en particulier, qui lui ont assuré à chaque élection par une fraude électorale massive, qui est la démocratie assassinée, une victoire à la Pyrrhus, sans risque et sans gloire.
Le peuple a seulement le droit de l'applaudir, le devoir de l'acclamer et d'orchestrer les éloges qui mettent en relief la justesse de ses décisions, la profondeur de ses analyses. Le président Bouteflika fait aussi parler le patronat et l'UGTA, syndicat du pouvoir, qui félicitent l'homme providentiel qui, par sa dérive totalitaire, a favorisé le confort de leur vie personnelle et leur a permis d'accaparer des richesses du pays. Le bilan du pouvoir, qui n'est pas la solution mais le problème, est négatif.
Après 17 ans de pouvoir, la défense de la démocratie, la souveraineté du peuple et la citoyenneté restent la priorité de tout renouveau politique.
Les libertés ne sont pas protégées, mais quotidiennement bafouées, altérées, aliénées. Il faut obtenir pour la personne humaine ses droits, sa dignité, sa liberté. Pour s'élever dans les affaires humaines, il faut de l'esprit et du cœur. Le respect des droits de l'homme est un devoir de l'Etat. La politique étrangère de l'Algérie ignore la question des droits de l'homme qui est fondamentale. La diplomatie algérienne vieillissante, qui brille par la parole sans résultats, a besoin de se moderniser. Le pouvoir est négateur des libertés. Les libertés garanties par la Constitution ont été détournées par les lois, les décisions réglementaires et surtout par le fait du prince.
L'ENTV fait de la désinformation et de la manipulation. Le pouvoir dispose, grâce à elle, d'un moyen d'information et de propagande puissant, qui ne respecte ni la mesure, ni l'équilibre, ni l'objectivité que les Algériens sont en droit d'attendre d'un service public.
Les patrons de presse et les journalistes qui se font les relais de la propagande du pouvoir visent confortablement leur profession. Tenus en laisse par des réseaux politiques, claniques, financiers, ils sont de connivence avec les cercles du pouvoir. Ils contribuent à affaiblir la presse et même à la discréditer.
La presse libre ne dit pas toujours ce qu'elle pense, ne pense pas toujours ce qu'elle dit, mais pense toujours ce qu'elle ne dit pas.
Le pouvoir judiciaire s'aligne sur le pouvoir exécutif et s'éloigne de l'état de droit
Les Algériens connaissent la soumission organique et fonctionnelle de la justice au pouvoir exécutif. Le décret législatif du 30 septembre 1992, qui a créé les trois cours de justice, juridictions d'exception, inaugure la justice politique où l'arbitraire au nom de la loi est un élément fondamental du jugement. La justice n'est pas sortie grandie des procès politiques mais affaiblie, déconsidérée, marquée par le désaveu des Algériens. Elle a failli et les Algériens ne lui font plus confiance. Quand ceux qui bafouent les lois sont les juges qui sont chargés de les appliquer, il y a dérive de la justice.
L'Algérie est l'un des états les plus corrompus du monde
«Le pouvoir absolu corrompt absolument», disait le philosophe anglais du XIXe siècle, Lord Acton. La corruption est chronique. La manne pétrolière qui est le sang et la liberté du peuple algérien, a multiplié les corrupteurs et les corrompus. La corruption est une pratique courante dans la gestion des affaires de l'Etat, réalisée par des prédateurs politiques et économiques, issus d'une collusion entre milieux d'affaires et clans du pouvoir, auteurs de graves malversations de biens du patrimoine national. Le peuple algérien est scandalisé, indigné par la corruption, où des centaines de milliards de dinars ont été détournés.
Etre le frère, le fils, la fille, la belle-fille, le cousin des puissants et des riches ouvre l'accès à la haute administration, aux Affaires étrangères, aux postes stratégiques de l'économie publique et privée. Si le pouvoir corrompt, que dire alors de l'argent ? Ils se consolident l'un par l'autre.
La femme algérienne ne doit pas subir sa vie, mais la prendre en charge
Le statut de la femme est une question majeure de la société et du débat politique. La femme est digne de tous les droits de l'homme qui sont aussi ceux de la femme, cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant. Elle peut exercer une haute fonction dans de nombreux domaines, mais pour se marier il lui faut un tuteur. Si une femme veut partager son lit et sa vie avec un homme, et donner un père à ses enfants, elle doit le faire en toute liberté. Des dispositions du code de la famille contredites par la Constitution doivent être révisées. La femme a un temps pour donner la vie, et un temps pour se donner la vie. L'homme est la tête de la famille, mais la femme est le cou qui oriente la tête. La femme a le rare privilège de pouvoir écouter sans entendre. Dieu lui a accordé ce don pour lui permettre de supporter le même homme toute sa vie. La célèbre formule de Jean Jacques Rousseau est toujours d'actualité : «En tout ce qui n'est pas le sexe, la femme est homme».
L'Agriculture et l'industrie doivent être au cœur de la stratégie économique
Le pouvoir avait l'argent, beaucoup d'argent, et pour servir une économie qui vit de l'argent et pour l'argent, il a enregistré une série d'échecs. Avec 800 milliards de dollars dépensés, il n'a pas fait de l'Algérie un pays émergent, encore moins un pays développé. Dans les rapports Algérie-Occident, il n'existe qu'un seul sens de circulation : l'Occident produit et l'Algérie consomme. La politique néolibérale et anti-sociale du pouvoir est porteuse non seulement d'injustice sociale, mais d'inefficacité économique. Les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus nombreux. La redistribution des revenus et des richesses nationales est inégale, injustifiable, inacceptable, intolérable. Le pouvoir a ouvert un boulevard à l'économie libérale.
L'Algérie a l'économie de sa monnaie. L'hyper inflation, qui sera bientôt à deux chiffres, permettra d'accumuler des masses importantes de billets de banque, qui entraîneront l'effondrement du système monétaire qui précède toujours l'effondrement du système politique.
Le devoir et l'honneur des militaires est de servir la nation, seulement la nation
L'Algérie n'a pas fait l'économie du pouvoir militaire, mais est-ce seulement une étape ? Serait-elle «une armée qui possède un Etat, ou un Etat qui possède une armée» ?
La mainmise sur l'armée par le président Bouteflika se fait avec beaucoup de casse, le militaire casse le militaire. «Divise et règne», a dit Machiavel. Le Président a réduit peu à peu au silence et à la retraite des généraux et des colonels, esprits critiques qui contestaient sa politique. Le général de corps d'armée, Gaïd Salah, qui met à la retraite des généraux et des colonels âgés de 48 à 56 ans, a 20 ans d'âge de plus qu'eux. Le changement du rapport de force à l'intérieur de la hiérarchie militaire est souhaitable, car il y a des divergences stratégiques et des rivalités au sommet de l'Etat.
Le Président a utilisé la répression contre le DRS, qui contrôlait ses activités et voulait faire juger ses amis corrompus. Les énergies longtemps contenues au sein des militaires doivent se libérer pour apporter leurs concours, leurs compétences, leurs expériences, au service de la nation. Le vrai problème est l'illégitimité du président Bouteflika issu d'élections truquées. Réviser la Constitution, c'est la soumettre au débat, à la libre discussion populaire et la faire ratifier par un référendum. Le code de révision de la Constitution est l'Etat de droit.
Le président de la République a l'initiative de la révision de la Constitution, à condition qu'il soit légitime, c'est-à-dire élu par des élections propres et honnêtes. La Constitution a été ratifiée par un Parlement, dont la plupart des députés et sénateurs «élus» d'élections truquées sont illégitimes. Elle s'est faite sans débat et à main levée pour éviter les incertitudes des bulletins à vote secret. Les élections truquées sont une trahison de la volonté populaire. La Constitution actuelle est la même pièce de théâtre politique jouée par les mêmes acteurs. Faite pour un homme, elle perd sa signification.
Tamazight a le droit d'être pleinement langue officielle de l'Etat. C'est une faute lourde que de ne pas avoir élevé tamazight au rang de langue officielle de l'Etat, qui est une très forte exigence. Lui refuser ce droit et la cantonner au rang de langue secondaire, c'est renforcer dans les faits l'injustice et l'inégalité, c'est opérer une intolérable discrimination. Tamazight a été détournée, vidée de sa substance. L'avenir de tamazight dépend de ce que les amazighs peuvent faire pour elle.
Le président Bouteflika est profondément hostile à l'amazighité et à tamazight. Depuis son arrivée au pouvoir, elles ont eu bien des tempêtes à traverser, bien des secousses à subir. La position des Amazighs, qui ont le sens de la mesure, du respect des rythmes de la nature et de la vie, est exprimée sans équivoque, dignement et courageusement. Ils sont décidés à poursuivre et à intensifier leur combat avec le concours actif des cadres et l'adhésion de la population pour faire de tamazight la langue officielle de l'Etat au même titre que la langue arabe.
Pour les Amazighs qui ont des convictions longuement élaborées, muries, approfondies, l'amazighité et la démocratie se conjuguent ensemble, sont liées, l'une ne peut aller sans l'autre. La meilleure manière de défendre la démocratie est de défendre les droits de l'homme que combattent la négation de l'histoire et de la mémoire collective, l'oppression de cultures et la répression des langues.
La conférence de l'ICSO n'est pas une formalité, mais un temps fort. Elle est où l'opposition nationale, seulement dans l'ICSO, qui prône la cohésion nationale et la cohésion sociale. Elle a la volonté et la capacité de jouer un rôle de premier plan sur la scène nationale, parce qu'elle est la seule force importante de concertation politique. Elle est plurielle, et cette pluralité ne réside pas dans le juxtaposition d'opinions différentes, mais dans l'apport spécifique de chacun des partis et des personnalités la composant, qui répond aux attentes des Algériens. L'opposition nationale renforce son autorité et son audience car elle demeure unie et déterminée dans son ensemble et dans chacune de ses composantes à lutter pour le changement, changement du système politique et non changement dans le système.
L'échec du pouvoir est si accablant que l'attente du changement est profond. L'ICSO se prépare à affronter les grandes questions du pays avec sagesse, conviction, détermination, et responsabilité. Droits et devoirs forment la responsabilité. Elle est forte parce qu'elle est unie dans la diversité rassemblée, mobilisée, pour la concertation et la transparence dans l'élaboration de la prise de décision, l'esprit de synthèse et de concorde qui répondent à l'évolution de la société. Le vivre-ensemble, les uns avec les autres, et non les uns contre les autres, mobilise les forces vives de la nation décidées à résoudre les problèmes urgents et complexes.
Il n'est pas d'hiver qui ne finisse par céder la place au printemps, et dans les situations les plus désespérées, le sursaut qui conduira au salut est possible.
Le poids des idées et l'exigence de démocratie, de liberté et de justice finiront par peser sur la société qui établira un Etat de droit. 
Par :
Ali Yahia Abdennour
Militant des droits de l'homme


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