La Minurso est la seule mission de maintien de la paix sans mécanisme de surveillance des droits de l'homme ; elle se contente ainsi de surveiller un cessez-le-feu conclu en 1991, en attendant le référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a remis lundi son rapport sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité, qui doit l'examiner avant la fin du mois en cours, rapporte l'APS. Dans ce document remis avec 10 jours de retard, Ban Ki-moon a observé qu'«il est temps d'engager des négociations sérieuses» qui doivent aboutir à l'autodétermination peuple sahraoui. «Il est temps d'engager des négociations sérieuses, sans condition préalable et de bonne foi pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», a indiqué le secrétaire général de l'ONU. Il a réaffirmé que la solution politique doit impérativement inclure la résolution du conflit au Sahara occidental, regrettant le blocage du processus politique entamé en 2007 qui n'a pas réussi à ouvrir la voie à de véritables négociations. La difficulté fondamentale qui a empêché l'aboutissement de ce processus réside dans le fait que le Maroc a toujours unilatéralement «considéré son plan d'autonomie comme seule base pour les négociations», a-t-il indiqué. M. Ban a rappelé que la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) a été créée par le Conseil de sécurité pour surveiller le cessez-le feu et organiser un référendum d'autodétermination, mais l'expulsion de sa composante civile par le Maroc a empêché cette mission de maintien de la paix d'assumer ses fonctions. L'incapacité de la Mission à accomplir ses tâches entraînerait, à court et moyen termes, des conséquences importantes sur la stabilité de la région et sur la crédibilité des opérations de maintien de la paix du Conseil de sécurité et des Nations unies, a prévenu Ban Ki-moon, qui se dit «très profondément préoccupé» par la situation sécuritaire dans les territoires sahraouis occupés. «La sécurité dans ces territoires risque de se détériorer avec cette crise qui a fortement impacté la mission de surveillance du cessez-le-feu de la Minurso», a-t-il averti. Il a appelé le Conseil de sécurité à rétablir le mandat de la Minurso afin d'éviter de créer un précédent pour le reste des opérations de maintien de la paix de l'ONU dans le monde. Aussi, il a recommandé de proroger le mandat de la Minurso jusqu'au 30 avril 2017 et relevé le risque d'une rupture de la trêve et d'une reprise des hostilités si cette mission est contrainte de quitter les territoires sahraouis occupés. Vu l'absence de progrès dans le processus de règlement du conflit, «les efforts de l'Organisation des Nations unies à travers les actions de mon envoyé personnel, de la Minurso et des organismes présents sur le terrain, restent très importants». Pour maintenir la Minurso, Ban Ki-moon a fait savoir qu'il a soumis un projet de budget de 54,3 millions de dollars pour couvrir ses besoins en financement durant la période allant de juillet 2016 à juin 2017, un montant en hausse par rapport aux 51,1 millions de dollars alloués entre juillet 2015 et juin 2016. Le secrétaire général de l'ONU a relevé la nécessité de «maintenir une compréhension indépendante et impartiale de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental», tout en appelant le Maroc à renforcer sa coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. Il a en outre exprimé sa déception quant aux agissements du gouvernement marocain vis-à-vis de la question sahraouie en faisant montre d'hostilité à «certaines de ses paroles et actions au cours de ce voyage». «Je regrette qu'il ait choisi de renoncer à demander des précisions par la voie diplomatique et délivré un certain nombre de déclarations publiques et communiqués et d'organiser des manifestations de protestation de masse à Rabat et El Ayoun», a dit le secrétaire général, ajoutant : «J'ai dit clairement à plusieurs reprises que rien de ce que j'avais dit ou fait avait été destiné à prendre parti, d'exprimer l'hostilité au royaume du Maroc, ou signaler tout changement dans l'approche de l'Organisation des Nations unies pour la question du Sahara occidental.» Risque Pour rappel, le président sahraoui, Mohammed Abdelaziz, a prévenu, jeudi dernier, l'ONU d'un risque de reprise des hostilités avec le Maroc, si la Minurso se retrouve dans l'incapacité d'assumer pleinement son mandat. Si le Conseil de sécurité n'exerce pas «une pression réelle et directe » sur le Maroc en permettant à la Minurso de «reprendre son travail et son mandat pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination», ce sera «un feu vert à une agression militaire» du Maroc contre les Sahraouis, a indiqué Mohammed Abdelaziz, dans une lettre adressée au secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon. Et de poursuivre : «Le peuple sahraoui sera alors de nouveau contraint de défendre ses droits par tous les moyens légitimes, y compris la lutte armée qui est légalisée par l'ONU pour tous les peuples colonisés.» Lors d'un voyage dans la région début mars, Ban Ki-moon a provoqué l'ire de Rabat en parlant d'«occupation». En représailles, le Maroc a expulsé la quasi-totalité des experts civils de la Minurso et fait fermer un bureau de liaison militaire. Les 15 pays membres, explique-t-il, doivent renouveler à la fin du mois le mandat de la Mission sur la base d'un rapport de Ban Ki-moon relatif à sa récente visite dans la région. La Minurso est la seule mission de maintien de la paix sans mécanisme de surveillance des droits de l'homme. Elle se contente ainsi de surveiller un cessez-le-feu conclu en 1991 en attendant le référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui. Fin avril 2015, le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté la résolution portant prorogation d'un an de son mandat. Coparrainée par les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Espagne, elle a été adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil, sans intégrer la revendication sahraouie qui consiste à élargir le mandat de la Minurso à la protection des droits de l'homme. Un texte équilibré pour les membres du Conseil de sécurité, divisés sur la question du Sahara occidental et dont le principe du règlement des conflits consiste à prendre en considération leurs intérêts stratégiques. L'intérêt des peuples, les questions des droits de l'homme, les libertés et tant d'autres valeurs nobles psalmodiées par les grandes puissances ne sont que discours d'illusions pour se donner bonne conscience et tromper leur propre opinion publique. En fait, c'est le droit de la force qui prime sur la force du droit.