L'opération solidarité Ramadhan telle que menée par le P/APC de Béjaïa donne lieu à des lectures et fait des mécontents. Des élus, dont des membres de la commission sociale et un grand nombre d'associations de quartiers émettent des réserves solides. L'objet de la discorde : le choix porté par le P/APC, issu d'une liste FLN, sur les imams des mosquées de la ville pour piloter la distribution, aux nécessiteux, des bons d'achat de 2700 DA (la formule remplace l'habituel couffin du Ramadhan) alors que les associations de quartiers et des villages « étaient habituellement en charge de cette mission ». Deux élus FFS ont signifié, par courrier adressé au P/APC, leur désapprobation de cette « gestion bizarre ». Ils lui rappellent que la commission des affaires sociales, dont ils sont membres, avait pourtant retenu que l'opération soit menée conjointement par les seules directions des affaires sociales de la commune et les présidents d'association. Aussi, les élus FFS reprochent au P/APC d'outrepasser ses prérogatives considérant que rien ne doit se faire « sans l'aval des commissions et de tous les membres de l'assemblée comme le stipule le code régissant les collectivités locales ». Le RCD, de son côté, trouve à redire sur la méthode. Une déclaration de son conseil communal précise que ses élus siégeant dans la commission des affaires sociales avaient demandé « par souci de transparence » que les couffins soient confiés aux associations. La réaction des premiers concernés pour l'accomplissement de cette action de bienfaisance, les associations, ne s'est pas faite attendre. Réunies au siège de l'association Tidukla, les présidents d'une douzaine d'associations ont tenu à exprimer leur désapprobation de l'éviction dont ils ont fait l'objet, considérant qu'« activant à l'intérieur même des quartiers et que par conséquent, étant bien placés pour connaître la situation des riverains, (ils) ont tout le temps été chargés de dresser la liste des nécessiteux, appuyée par des dossiers établissant matériellement le caractère d'indigence des familles inscrites, inhibant ainsi tout risque de détournement ». Des associations ont déclaré n'avoir carrément bénéficié d'aucun bon. C'est le cas de l'association des 792 Logements de Sidi Ahmed, quartier des hauteurs de la ville de Béjaïa, l'association Ithrene qui compte 88 familles nécessiteuses à Bir Es Slam, l'association Sidi Ouali qui défend 130 cas analogues. Sur ce point, le chargé de la communication au niveau de la commune défend seulement que l'implication des imams est une « nouvelle option » prise par le P/APC, sans en donner de plus amples arguments à même d'éclairer sur les motivations de la démarche. Une démarche qui, selon certains pans de l'opinion, pêche par son populisme, voire par la disqualification des structures en charge officiellement de l'opération. Un autre aspect de la campagne de solidarité non moins insolite est son extension au profit de tous les travailleurs de l'APC. « Des gratifications à caractère populiste et électoraliste », pour reprendre les termes de la déclaration de Mouhoubi Alloua, élu indépendant sur la liste Echemaâ, qui se traduisent par des bons d'achat de 2000 DA pour la première semaine et de 1000 DA la deuxième semaine. La cellule de communication de la commune trouve pour sa part que c'est là un procédé qui n'est pas étrange du tout et cite en exemple des gratifications octroyées par Sonatrach (sic !) à ses personnels. L'APC, jusqu'à preuve du contraire n'est pourtant pas une entreprise écono,mique. M. Mouhoubi, l'élu indépendant, avertit quant à lui contre le risque de voir ces enveloppes « grever le budget prévu et d'obliger à des transferts de crédits initialement affectés, par délibération de l'assemblée, à des catégories plus sensibles comme l'autoconstruction rurale et les aides spéciales aux aveugles et aux handicapés ». B. M., R. O.