Les inconditionnels du jazz ont été séduits, mercredi soir, à la salle Ibn Zeydoun, par le remarquable concert de Benjamin Moussay Trio. Ce concert a drainé un monde impressionnant. Afin de faciliter et de réguler les entrées, des présentoirs ont été placés à l'extérieur de la salle. Ainsi, les vigiles de la salle Ibn Zeydoun et du Centre culturel français faisaient passer par petites grappes les intéressés. Les cartes d'invitation étaient tellement nombreuses que les tickets n'ont pas pu être tous achetés, et ce, par manque de places. Les portes de la salle se sont refermées laissant beaucoup d'insatisfaits. A 21h30, les lumières de la salle s'éteignent pour laisser place aux trois talentueux musiciens : Benjamin Moussa au piano, Arnault Cuisinier à la contrebasse et Eric Echampard à la batterie. En prélude, des notes plurielles s'échappent des trois instruments musicaux. Benjamin Moussay a réitéré ses hommages du soir en français et en arabe : « Pardonnez l'accent approximatif. Bienvenu au concert. C'est la première fois que nous venons à Alger et nous sommes ravis de nous y produire. » Le public ovationne avec énergie les trois comparses. Confortablement installés sur leurs sièges, les musiciens taquinent leurs instruments en interprétant le premier morceau intitulé Lost Valley. Benjamin Moussay gesticule dans tous les sens pour s'accaparer des notes qui lui sièrent. Sa tête s'en fait littéralement à l'intérieur du piano pour gratter les cordes. Il actionne de temps à autre sur deux pédales. Il utilise avec le large engouement, le large spectre sonore du piano. Le batteur Luc Isenmann prend le relais pour ensuite convier Arnault Cuisinier dans l'interprétation d'une belle mélodie signée Claude Debussy, Il pleure dans mon cœur, comme il pleut sur la ville. Le jeu des instruments est docile et calme à la fois. Un autre morceau signé par Benjamin Moussay est interprété merveilleusement par le trio. Il s'agit Des clowns, une composition qui ondule au gré d'une humeur vagabonde. Les présents ont eu le privilège de s'enivrer de certains titres du dernier album du groupe Swimming Pool, sorti en France en mars dernier. Les mélodies The lost Ride et Manon ont plongé les musiciens dans des harmonies claires et lumineuses, tout en transportant plus d'un dans un univers poétique, voire secret. Les reflets de cette musique aquatique dessinent les contours d'une imagination riche et et abondante en images. Comme pour titiller le public, Benjamin Moussay lance : « Nous arrivons à la fin de la soirée ». Des « non » protestataires se laissent entendre ici et là. Avec espièglerie, il enchaîne : « … Mais avant de partir, nous allons vous chanter un dernier morceau. Mais au fait, aimez-vous le rock'n roll. » Des salves d'applaudissements retentissent. Playa Del Carmen Mexico est le titre qui clôturera ce concert de deux heures. Benjamin Moussay a trouvé les bons partenaires, qu'il s'agisse de la contrebasse sombre et boisée d'Arnaud Cuisinier ou de la batterie d'Eric Echampard dont « les irritations métalliques, les bruissements de peaux et les percussions énigmatiques contribuent admirablement à faire surgir un monde de musique. »