La seule plantation d'arbres qui a lieu dans la commune de Aïn El Hammam, à 50 km de Tizi Ouzou, depuis des décennies, consiste en la mise en terre de plants d'arbres fruitiers par les paysans locaux. La plupart des agriculteurs achètent, avec leurs propres moyens, les cerisiers, les figuiers et les oliviers pour reconstituer leurs vergers dont certains ont perdu la quasi-totalité de leurs arbres ravagés par les innombrables incendies. Les grandes parcelles décimées chaque année par le feu ou la tronçonneuse ne sont jamais replantées. Les paysans qui s'occupent de leurs petites parcelles de terre, généralement héritées des aïeux, n'y plantent que des arbres fruitiers, rentables à plus ou moins longue échéance. Ils laissent le soin aux organismes étatiques, tels que la Conservation des forêts, de procéder au reboisement à grande échelle. Ainsi, les espaces brûlés par les incendies, où les chênes verts et chênes lièges ont disparu, demeurent nus, à la merci de l'érosion. Aucun arbre forestier devant retenir le sol n'a été planté sur les terrains déboisés d'Aït Sidi Ahmed sur la route de Larbaâ Nath Irathen. Même l'herbe n'y pousse plus. Il ne reste des forêts de la région, jadis si denses, que des pierres et des restes de chênes, témoignant de ce que furent ces collines qui s'étendent à perte de vue de Aïn El Hammam à Icheridhen. Le même constat alarmant est fait du côté d'Aït Yahia, où toute une étendue, bordant la route de Mekla, demeure sans arbre. Alors que la verdure recouvre les champs en cette période, nous observons au loin ces terrains rocailleux, de couleur grise, caractéristique de la pierre de nos montagnes. Ni les riverains dont les terrains limitrophes ont connu de meilleurs jours, qui plantent quelques arbres autour de leurs habitations, ni les vieilles femmes qui nous content avec amertume ces territoires jadis florissants et recouverts d'une végétation luxuriante, ne peuvent se substituer à l'Etat qui doit entreprendre un travail de reboisement pour redonner à nos forêts leur lustre d'antan.