Un rassemblement de soutien et de solidarité avec les confrères du groupe de presse El Khabar a été organisé, hier à Bouira, par des journalistes soutenus par des militants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le sit-in a eu lieu devant le nouveau siège de la cour de justice de Bouira, où le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, était attendu pour une visite d'inspection. Informés de l'action décidée par des journalistes en signe de solidarité et de soutien à leurs confrères d'El Khabar, un dispositif impressionnant de forces de l'ordre dont des véhicules antiémeute a été dépêché sur place pour empêcher les journalistes d'approcher le ministre de la Justice. Encerclés par des policiers armés de matraques, les journalistes ont été contraints de quitter les lieux. Questionné sur les raisons de ce déploiement des forces antiémeute, mobilisées rien que pour interdire de brandir des pancartes et des banderoles en signe de solidarité à El Khabar, un officier a affirmé devant les journalistes que l'instruction n'a pas été donnée par des responsables de la police, mais par les services du ministre de la Justice. «Ce n'est pas nous, mais le service du protocole du ministre», a certifié l'officier, en priant les journalistes d'évacuer les lieux. Malgré les provocations pour ne pas dire intimidations de quelques policiers «zélés», les journalistes n'ont pas quitté les lieux, qu'ils ont occupés de 9h à midi. «Cachez vos pancartes et vos banderoles», a lancé un officier. La police a dressé, en guise de cordon de sécurité, des fourgons de police, alors que des dizaines d'agents armés de matraques empêchaient les journalistes de s'introduire à l'intérieur de la Cour où le ministre inspectait les lieux. Les journalistes, encerclés par les policiers, ont décidé de quitter les lieux et de boycotter le reste de la visite du ministre de la Justice. Dans un communiqué rendu public, le Syndicat national des journalistes (SNJ), section de Bouira, a condamné, de la manière la plus énergique, «l'instruction du ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui a ordonné aux forces de police d'empêcher le rassemblement des journalistes de Bouira, prévu en signe de solidarité avec les confrères du groupe de presse El Khabar». Cette instruction, jugée «honteuse», n'honore en rien, estime le SNJ dans le communiqué, «ce ministre de la République et les valeurs démocratiques qu'il est censé défendre, notamment celle de la liberté d'expression et d'organisation pourtant garanties par la Loi fondamentale du pays». En outre, la section SNJ de Bouira rappelle au ministre de la Justice qu'il a non seulement le devoir, mais aussi l'obligation de défendre la liberté d'expression. La section SNJ de Bouira condamne «le caractère incongru de cette instruction qui ne fait, en fin de compte, qu'envenimer les relations de la presse avec le gouvernement, des relations malheureusement déjà bien trop tendues».