Finalement, les journalistes et correspondants de la wilaya de Bouira, qui avaient organisé un sit-in de solidarité avec leurs confrères du groupe de presse El Khabar, et qui espéraient approcher le ministre de la Justice et garde des Sceaux, M. Tayeb Louh, pour lui exprimer leur indignation face à la cabale dont ce groupe de presse fait l'objet depuis quelques semaines, n'iront pas jusqu'au bout de leur action : le ministre de la Justice et garde des Sceaux en a décidé ainsi en donnant des instructions fermes pour que les journalistes et les correspondants, auteurs de cette action, soient empêchés de l'approcher ou de brandir la moindre pancarte lors de son arrivée. Aussi, les journalistes et les correspondants de certains titres de la presse écrite, présents hier devant le siège de la cour de Bouira, ont beau essayé de maintenir leur décision de brandir leurs pancartes et même une banderole portant le logo d'El Khabar, les policiers, déployés en force ont fait savoir qu'aucune action de ce genre ne serait tolérée. La décision a été, selon des informations que nous avons recueillies sur place, prise par le ministre en personne, M. Tayeb Louh, qui a donné des instructions pour que les journalistes et les correspondants qui avaient décidé la veille de l'interpeller en organisant un sit-in de solidarité avec leurs confrères du quotidien El Khabar, objet de pressions depuis plusieurs jours et qui risque carrément la fermeture à cause d'une lecture tordue de la loi, ne l'approchent pas. Ainsi, les journalistes qui croyaient avoir affaire à un ministre de la Justice et garde des Sceaux et digne représentant d'un Etat de droit qu'il était censé incarner, ont vite déchanté ; eux qui ont cru un moment, alors qu'ils commençaient à se rassembler devant ce nouveau siège, que le ministre Louh allait même les saluer et écouter leurs doléances, avant de poursuivre ensemble la visite. Cela étant, la section locale du SNJ, a rendu public dans la journée, un communiqué dans lequel elle dénonce cette énième atteinte à «la liberté d'expression et d'organisation, pourtant garantie par la loi fondamentale du pays» et «rappelle le caractère incongru de cette instruction qui ne fait qu'envenimer les relations entre la presse et le gouvernement ; relations malheureusement déjà trop tendues», lit-on encore dans le communiqué. Cela étant, rappelons qu'après avoir été cernés de toutes parts par un dispositif policier impressionnant, où deux fourgons de police et un cordon de sécurité y ont été déployés pour les empêcher d'approcher le ministre, les journalistes présents ont décidé de boycotter cette visite. Signalons enfin que lors de ce sit-in, des citoyens anonymes, des écrivains, des éditeurs, mais aussi des militants du RCD en grand nombre, ainsi que des militants des droits de l'Homme, étaient présents à cette action initiée par des journalistes en signe de solidarité avec leurs confrères d'El Khabar.