Après la publicité de l'huile Safia qui se moquait d'un enfant en surpoids, et celle du jus de fruit N'Gaous qui suggérait qu'une femme devait utiliser cette marque pour éviter de divorcer, l'entreprise oranaise Lebon provoque un malaise avec la publicité pour son jus de fruit Africana. Un homme boit un verre de jus de fruit et se retrouve «en Afrique», entouré d'hommes et de femmes en pagne dans une paillotte où sont posés d'énormes masques en bois, au son de percussions traditionnelles. Un personnage, perroquet sur l'épaule, lance, avec un accent appuyé : «Ah, merci, les bons fruits africains !» «ça m'a laissé perplexe, explique Ahmed, trentenaire. Les images jouent sur les clichés. Si on peut la définir comme raciste, c'est limite du racisme naïf” du type Tintin au Congo». Un responsable de Lebon, joint par El Watan Week-end, explique : «On voulait reprendre l'idée de notre dernière campagne, c'est-à-dire que lorsqu'on le boit, Africana nous donne l'esprit de l'Afrique». Sauf qu'en 2016, un habitant du continent africain est coiffé, souvent habillé en costume classique ou traditionnel ou en jean, et a aussi la peau claire. Doit-on contrôler les publicités pour éviter les campagnes sexistes ou racistes ? «Il faut réguler, mais sans bureaucratiser, explique un employé d'une agence de communication. Je ne peux pas attendre une réponse d'un bureau de réglementation alors que mon client peut changer d'avis à n'importe quel moment. Je dois aller vite. Il faudrait peut-être un comité d'éthique post-production au sein des chaînes de télévision». Pourtant, un tel comité existe déjà. Un professionnel du secteur nuance : «Ils sont surtout concernés par les filles en tenue un peu trop dénudée et la présence éventuelle de verres à pied qui suggèrent la consommation de vin», regrette un professionnel du secteur.