Méthode - Le jus d'abricots que l'on fabrique chez soi, suivant les méthodes traditionnelles, a fini par s'imposer en tant qu'élément indispensable sur les tables du f'tour dans la région de N'gaous où fleurissent les plus beaux vergers d'abricotiers. Cette boisson rafraîchissante commence même, petit à petit, à faire de l'ombre aux plats et aux aliments pourtant prisés durant ce mois de jeûne, à l'exemple de la chorba frik et de la galette dont la présence à table devient presque «symbolique» en raison de la chaleur et de la soif. Réputée pour être la capitale des jus, la région de N'gaous s'est spécialisée dans la fabrication de la fameuse boisson fruitée éponyme largement consommée sur le marché local et national. Boire ce jus est devenu une «seconde nature» chez les habitants de cette région où certains, parfois impatients après une longue journée de carême, rompent le jeûne en «sifflant» un verre de jus d'abricot, quitte à hypothéquer L'appétit. Le bien-être momentané procuré par le goût de cette boisson rafraîchissante «suffit largement à affronter un autre jour de ,estiment des habitants de cette région que nous avons rencontrés. Quelques-uns, confiants, disent même «ne vouloir échanger cette boisson avec aucune autre au monde». Le jus d'abricot est «bio» et ne contient aucun conservateur, argumente le président de l'association agricole Amel, M. Belkacem Regaâ, pour qui «ce breuvage est familial et sa fabrication entre dans le cadre de démarches locales visant la revalorisation de la production de ce fruit». Les femmes de cette région des Aurès font montre, durant le mois sacré, de tout leur savoir-faire pour préparer à la maison ce jus qui n'est pas coûteux et délicieux surtout lorsque la gorge est sèche. La préparation de ce jus est une tradition bien ancrée dans la région de N'gaous. Il s'agit d'une spécialité héritée de mère en fille, selon Mme Noua (60 ans) qui affirme que les mères et les grand-mères «saisissaient pleinement la période du mûrissement de ce fruit pour préparer en quantités industrielles des jus à base d'abricots». Aujourd'hui, ajoute cette mère de famille, les choses ont évolué et les moyens de réfrigération se sont développés au grand bonheur des consommateurs de cette boisson qui pourront en prendre tout au long de l'année. Pour préparer cette boisson, «il n'est point besoin d'être un cordon bleu», ajoute Mme Noua, car la recette est «très simple et à la portée de tout le monde». Elle explique en effet qu'après avoir dénoyauté et nettoyé les abricots, «il faut mettre le fruit avec une quantité d'eau dans une casserole et les laisser mijoter à feu doux pendant 10 à 15 minutes, puis retirer le mélange et le mixer avant de le mettre dans des sachets de congélation, au réfrigérateur, 5 heures avant sa consommation». La pâte d'abricot ainsi obtenue sera mélangée avec de l'eau (deux litres pour 1 kg d'abricots) et avec un peu de citron et de sucre suivant les goûts. Le liquide sera ensuite soigneusement versé dans des bouteilles que l'on mettra au frais. La pâte d'abricot vendue à des prix raisonnables dans les magasins a favorisé la consommation de ce jus adoré par la population de N'gaous en particulier et de Batna en général. La fabrication de ce jus, très apprécié sur le marché, local tend même à devenir une activité «juteuse» pour les mères de familles de la région de Sefiane, une commune réputée pour ses productions record d'abricots, souligne M. Yazid, commerçant, qui confesse que plusieurs mères de familles vendent le surplus de leur production de jus d'abricots à des commerçants spécialisés qui «l'exportent» dans d'autres régions du pays.