Pour M. Azzi, il ne faudrait pas lier les problèmes de la cotisation aux ressources de l'Etat. «L'argent de la Sécurité sociale n'est pas l'argent de l'Etat. C'est les cotisations des travailleurs», ajoute-t-il, émettant encore des questionnements sur l'utilisation des fonds de la CNR. En d'autres termes, n'ont-ils n'a pas été dépensés ailleurs ? Un message on ne peut plus clair qui vient rappeler que l'avenir des retraités reste incertain et que le système de retraites nécessite une profonde réforme. Redéfinir la politique en matière de retraite «La dernière décision portant baisse de la revalorisation annuelle des pensions appliquée chaque 1er mai à 2,5% au lieu de 5% est une conséquence des difficultés budgétaires rencontrées actuellement, où l'on assiste à des restrictions des dépenses. Il est clair que cette situation devrait inciter les pouvoirs publics à redéfinir la politique en matière de régime de retraites», affirme pour sa part l'économiste et statisticien Ahmed Mokaddem. Ce que le directeur général de la Sécurité sociale a également évoqué, annonçant une réflexion sur un nouveau système qui vise à prémunir la CNR des déséquilibres financiers. Mais il s'agit surtout de ne pas laisser cette catégorie de la société, déjà affectée par la dégradation des conditions sociales, otage des mesures de secours. Car si auparavant, l'embellie financière permettait d'opérer des augmentations comme ce fut le cas en 2012 à travers la revalorisation de pensions et des allocations de retraite entre 15 et 30% et le relèvement de la pension de retraite minimum à 15 000 DA (mesure présidentielle en faveur de 2,4 millions de bénéficiaires), les conditions ne le permettent pas aujourd'hui. Comment traduire alors cette réforme ? «La refonte de ce régime devrait avoir pour objectif un régime pérenne basé sur la solidarité, l'effort en matière de cotisation et une équité dans les prestations en tenant compte des effets des ressources disponibles, de l'inflation, de la structure démographique, etc.», répond-il. «Il est nécessaire, après analyse des expériences par pays, d'opter pour un équilibre entre les différents types de financement des retraites», ajoute l'expert. «A titre d'exemple, on peut très bien envisager des pensions de retraite payées par l'Etat. Le financement de ces pensions se ferait par les cotisations sociales prélevées auprès des détenteurs de revenus à partir de cotisations généralisées et obligatoires ou d'un impôt social (employeurs, travailleurs, rentiers et autres) et basé sur le principe de répartition (les cotisations de l'année payant les pensions de l'année). D'autre part, en complément et en s'inspirant de la retraite par capitalisation, il est bon d'encourager les pensions complémentaires individuelles (épargne, pensions, assurance-vie, etc.)», explique-t-il encore. Autre démarche : tenir compte de l'allongement de l'espérance de vie à la naissance pour fixer l'âge légal à la retraite, modulé naturellement, selon les secteurs, la pénibilité et la fonction notamment. «Il est nécessaire aussi que le budget des retraites, comme celui de la sécurité sociale, du reste, soit discuté et arrêté dans le cadre de la loi de finances», note encore M.Mokaddem. L'informel en cause Pour sa part, Abdelmadjid Azzi estime nécessaire de lutter contre l'emploi informel, un phénomène reconnu par l'Etat. «On a laissé prospérer l'informel et comme résultat, il y a eu baisse des cotisations à la Sécurité sociale», regrette M. Azzi. Le premier responsable de la Caisse nationale d'assurances sociales (CNAS), Tidjani Hacène Haddam, évalue la part de l'emploi informel à 13%. D'où l'appel aux travailleurs dans l'informel à s'affilier volontairement à la Sécurité sociale. Ce qui leur permettra de gagner trois années de cotisation dans un cadre réglementaire d'acheter ces années qui seront automatiquement incluses dans le calcul de leur future retraite. Un appel lancé à la veille de la célébration de la Fête internationale des travailleurs à partir de Skikda.