L'idée de l'UDAAC a été de rassembler une pléiade d'artistes algériens résidant au Canada et de leur demander d'adapter le riche répertoire du maître à leurs différents styles musicaux. « L'un des objectifs de notre association est de rendre hommage aux artistes. Alors autant que ce soit fait par des artistes », nous dira, toute rayonnante, Zineb Sahli, la présidente de l'UDAAC qui réalise ainsi la première activité de scène de son association. « Une hérésie », diront les puristes du chaâbi. Mais l'audace de la création artistique a payé au bonheur de Djamel Lahlou, directeur artistique de la soirée, et du public, présent dans une salle pouvant contenir plus de 700 personnes. Un public composé d'Algériens et de Canadiens venus nombreux de Montréal et d'autres régions du Québec. Une audace que n'a pas « osée » le chanteur raï montréalais, cheb Fayçal, qui n'a pas voulu piétiner les platebandes du chaâbi, bien qu'ayant invoqué publiquement des raisons de santé — une attitude somme tout défendable. Le riche programme a permis au public connaisseur et aux curieux, venus découvrir l'une des composantes de la musique populaire algérienne, de revisiter le répertoire de Guerouabi le temps d'une soirée d'un Ramadhan montréalais. Youcef Raïs a repris Bellegh Slami dans un style andalous suivi par Mohamed Saci qui a repris Tefkira et de Djamel Lahlou avec El Barah et une chanson d'El Anka en kabyle. Les organisateurs ont eu un mal fou à faire revenir le public à la raison dès que le rythme montait. Pour des raisons de sécurité et certainement des contraintes d'assurance (une spécialité nord-américaine !), il était interdit de danser dans la salle. Un danseur invétéré a même argué qu'il avait une assurance et donc été libre de se trémousser ! Le docteur Abdelkader Aouameur, un ami de Guerouabi, est intervenu pour raconter quelques souvenirs communs avec le maître, particulièrement son passage à Montréal et son dernier concert à Alger. Il n'a pas omis de rappeler la modestie et la galanterie du maître au bonheur de la gent féminine présente dans la salle. N'eut été l'intervention de Leïla Mahiout, la maîtresse de cérémonie, la soirée allait se terminer en une véritable biographie orale de Guerouabi. Une maîtresse de cérémonie habillée en karakou algérois, personnalisé, selon le commentaire de Naïma Mimoune, présidente du Cercle des familles algériennes (une vraie encyclopédie mondaine sur la communauté algérienne à Montréal !). Nacer Eddine Aïssaoui, alias cheb Dino, a enflammé la salle avec sa reprise de Kifach Hilti dans un style assimi suivi de la chanteuse Inès habillée d'un karakou algérois, toujours selon notre chroniqueuse mondaine, qui a repris Khlass. Karim Benzaïd, alias Karim Syncop du nom de son groupe algéro-québecois, a enchaîné avec Ach Eddani et a enflammé la salle avec Yaldjemmala. La fin de la soirée qui a duré jusqu'à minuit (l'heure du s'hour à Alger, décalage horaire oblige) a laissé place à la variété avec notamment Fawzi Kasbadji et cheb Othmane, alias Manou revenu d'Algérie il y a quelques jours où il a enregistré son dernier album. La présidente de l'UDAAC, Zineb Sahli, promet d'autres soirées. Gageons que ce sera aussi réussi que la soirée de ce samedi. Rien à craindre de la part d'une femme qui travaille sur plusieurs fronts (radio Canada, présidente de la Fondation de l'école internationale de Montréal, entre autres) et qui affirme fonctionner en vases clos pour ces différentes activités, histoire de récupérer l'énergie d'un projet pour l'insuffler à l'autre. Elle doit certainement avoir des journées de 72 heures !