L'idée de faire d'Oran un véritable carrefour des cultures où devront se croiser tous les styles musicaux, ne date pas d'aujourd'hui. Elle a toujours été d'actualité, mais connaît certaines frictions. Ainsi, cette année, on entame la saison estivale à El Bahia par une série de soirées qui obéissent d'abord à l'optique de ressusciter les mémoires de ceux qui ont fait de l'art algérien, ce qu`il est aujourd'hui. Le raï, et en son plein fief, ne prédomine pas pour autant. Cela si l'on réfère au programme artistique initié par la division culturelle de la commune d'Oran. En effet, à l'initiative de cette municipalité, la journée de jeudi sera consacrée à l'un des pionniers de la chanson chaâbie. Une année après sa disparition, l'interprète d'El Harraz, revient cette semaine, et plus précisément à Oran. «La ville d'Oran a tenu à rendre un hommage particulier au regretté Cheikh El Hachemi Guerrouabi», nous renseignent les responsables de la commune d'El Bahia. «Une soirée chaâbie, un hommage, plutôt des hommages à Guerrouabi» que veulent réaliser les concepteurs de cette festivité. C'est une initiative qui vise à rassembler une pléiade d'artistes. Artistes qui ont su et pu, par le verbe, voix et touches, mener à bon port la chanson chaâbie. Il s'agit tout simplement des géants Abdelkader Chaou, Hamdi Bennani, Mazouz Bouadjadj et Sid-Ali Dris. «Guerrouabi est le meilleur de sa génération», dixit le regretté Mahiedine Bachtarzi qui le cita dans ses mémoires. Il y a une année, Guerrouabi quitta ce monde. Il le quitta par la grande porte, laissant derrière lui un répertoire riche, varié, instructif et éducatif qu'il signa de son empreinte. Un répertoire digne d'un maître incontestable de la chanson chaâbie, à l'image de Hadj M'rizek, El Anka, El Hasnaoui, El Harrachi, et tant d'autres. Sa carrière de chanteur, à la voix particulière, le fait entrer dans la légende des grands maîtres. Surtout, il balisa la route aux forces montantes et aux jeunes talents de la musique chaâbie, tels que Mourad Djaâfri. En réalité, le Cheikh ne se défendait pas lorsque les amateurs de chaâbi reprenaient ses chansons où imitaient sa voix. Pour lui, l'important est que le travail soit bien accompli. C'était le credo de l'interprète d'El Harraz.