Mémoire n Les planches du Théâtre national ont vibré, hier, aux rythmes d'un grand hommage rendu à l'artiste. Ont pris part à cette commémoration de nombreux artistes, tous adeptes de celui qui a su donner au chaâbi un souffle nouveau, un tempérament et un accent renouvelé. Parmi ses disciples, ceux qui ont suivi son chemin, il y a Salah D'ziri qui, d'une voix identique à celle du maître, a enchanté l'assistance en interprétant des chansons du répertoire, comme Ya el-Mahboub, Ya el-Hadjla, Achadani N'âdou. Pour sa part, Hassiba Abderraouf, dont le père avait côtoyé l'artiste, a tenu à rendre hommage au fils d'El-Harrach en interprétant quelques modes andalous, notamment le hawzi, celui chanté par Fadila D'ziria. Ensuite, Yacine Ouabed a évoqué quelques anecdotes relatives à Dahmane El-Harrachi, avant de déclamer en sa mémoire des poèmes sur la ville d'Alger, ses ruelles et ses quartiers, ses gens et ses saints. Rabah Oussaâdit a, de son côté, puisé quelques chansons dans le riche répertoire de Dahmane estimé à plus de quatre cents chansons. Il a chanté sans être accompagné par l'orchestre national du chaâbi (un ensemble dirigé par Mokddad Zerouki). L'interprétation s'est faite seulement avec une derbouka que le chanteur maîtrisait avec brio. Puis vint le tour de cheikh El-hadj Noureddine, un maître qui a connu Dahmane El-Harrachi, avant de laisser la place, au final, au fils du défunt, Kamel El-Harrachi qui a suivi le chemin de son père dont il a hérité le timbre de la voix et la méthode d'interprétation. La soirée, initiée par le ministère de la Culture, était chargée d'émotion et de souvenirs, d'histoires et d'anecdotes. Les organisateurs ont déploré qu'un aussi grand artiste n'ait pas bénéficié d'une bonne couverture médiatique ou d'hommage, qu'il soit pratiquement tombé dans l'oubli. Dahmane El-Harrachi est une figure de proue de la chanson algérienne. Il n'est pas seulement un artiste, c'est une voix. Il est aussi une musique, un style ; à lui seul, il est un genre musical, une voie empruntée par nombre d'artistes désireux d'y faire carrière. Dahmane El-Harrachi a créé un style adopté par ses adeptes des générations et des générations encore. Dahmane el-Harrachi est une école et nombreux sont ceux qui se revendiquent de cette instance musicale. Un imaginaire auquel même le public adhère. Il est à souligner que cet événement représente, selon les organisateurs, le premier hommage parmi tant d'autres programmés dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007».