L'entreprise, qui se trouve dans une situation financière difficile, est sommée de se débrouiller pour recouvrer ses créances. Après une période de grâce accordée aux mauvais payeurs à travers des campagnes de sensibilisation, la Société de distribution de l'électricité et du gaz d'El Tarf a décidé de passer à l'acte, en procédant aux coupures de courant. Selon les chiffres de la SDE d'El Tarf, des familles classées dans la catégorie «Abonnés ordinaires mauvais payeurs» détiennent 26 milliards de centimes sur les 62 milliards de créances cumulées à fin avril 2016 par la SDE. Cette catégorie, qui compte 90 735 abonnés, est la plus importante, notamment dans la région de la wilaya où se concentrent les agglomérations les plus populeuses. Celle des «abonnés industriels», qui bénéficient de la moyenne tension, donc d'un transformateur, forte de 650 abonnés, vient juste après avec 18 milliards de centimes, puis celle des commerçants. Les administrations, qui sont au nombre de 2738 à El Tarf, détiennent 8 milliards de centimes de créances. Elles vont continuer à bénéficier de la clémence de la SDE parce qu'elles sont perpétuellement confrontées à des difficultés administratives et bureaucratiques pour le payement dans les délais, ou encore parce qu'elles assurent un service public. Il y a un ton inhabituel dans l'annonce de la SDE (ex-Sonelgaz) de couper le courant. On y perçoit de l'agacement et de la détermination. Il y a, en effet, un cumul de créances qu'il n'est plus question de faire supporter à l'entreprise nationale, filiale de Sonelgaz, qui, nous dit-on, est sérieusement menacée dans ses équilibres financiers et qui aurait été sommée par le gouvernement de se débrouiller pour faire face à la crise. L'entreprise a donc pris le parti de sévir. L'opération «tahssis» (sensibilisation) lancée dans 19 wilayas de l'Est par la direction générale de la SDE va se poursuivre avec des coupures de courant chez les mauvais payeurs. Il semble cependant que la méthode ne semble pas donner les résultats escomptés. Seulement 3 milliards ont été recouvrés depuis le début des opérations. On est encore loin des 62 milliards et des 26 milliards qui ne concernent que les foyers. La SDE ne le dit pas, bien entendu, mais chacun sait que l'entreprise elle-même a besoin de se stabiliser, de parfaire sa gestion et ses ressources humaines, d'améliorer et moderniser ses équipements et leur maintenance. Et puis, en externe, il y a une armée de fraudeurs contre lesquels la SDE est impuissante.