Les habitants de la commune d'Illilten, ce havre de paix coincé aux frontières des trois wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira sont sur le qui-vive. Un problème récurrent d'alimentation en eau potable entre quatre villages de la commune- située à 70 km au sud du chef-lieu de wilaya rend l'air irrespirable dans cette localité sur fond de démission totale des autorités. Une curieuse démission, qui fait craindre à bon nombre de villageois que quelque chose de malsain se trame à leur insu. En effet, ni les autorités locales, complètement dépassées et même effacées devant une telle situation, ni le chef de daïra d'Iferhounene, soupçonné à tort ou à raison de mettre de l'huile sur le feu et encore moins les autorités de wilaya n'ont daigné s'interposer entre villageois en conflit pour éviter le pire. Au contraire, tout indique que ces responsables semblent attendre l'irréparable pour intervenir. Tout a commencé récemment, lorsque les villageois d'Azrou ont cru utile d'investir la montagne et de saboter le répartiteur d'eau qui alimentait les quatre villages : Azrou, Iguefilene, Tifilkout et Taghzout. Une répartition d'eau qui datait de 1994, co-signée dans un PV et que personne n'a osé remettre en cause depuis. Les habitants de cette commune, l'une des plus pauvres d'Algérie en infrastructures, mais l'une des grandes pourvoyeuses en martyrs durant la guerre de libération, ont toujours vécu dans la sérénité, la convivialité et l'entraide. Que s'est-il passé ces derniers jours et qui a poussé des villageois d'Azrou pour qu'en 2016, un groupe du village sabote une conduite d'eau et crée la zizanie dans la région en faisant même rallier un autre village Iguefilene et squatter les lieux du répartiteur depuis, armes à la main. Fait inédit, ils multiplient même les menaces et intimidations contre les villageois de Tifilkout, qui, sans les appels à la sagesse et à la multiplication de leurs appels aux autorités pour régler le conflit, la situation aurait déjà dérapé. Plusieurs villageois rencontrés sur place n'arrivent pas à expliquer ce qui arrive. Inquiets, certains se demandent même si des parties occultes n'essaient pas de rééditer les événements du M'zab chez eux. Sinon, clament-ils, «pourquoi les autorités font la sourde oreille aux appels de détresse des populations et ce sont même des membres du comité du village qui font du porte à porte pour les alerter, mais en… vain ?» Pour rappel, les villageois de Tifilkout ont procédé récemment à la fermeture du siège de la daïra d'Iferhounene pour protester contre le sabotage de la conduite d'eau. Un PV signé par tous les comités du village d'Illiten, en présence des autorités locales et de wilaya a rétabli la répartition ancienne de l'eau entre les 4 villages en attendant, qu'une commission d'experts trouve une solution durable au conflit. Mais depuis, le deal a été rompu et les deux villages d'Azrou et d'iguefilene squattent les lieux et empêchent même les autorités de procéder à la mise en œuvre de leur propre engagement ! Situation réellement kafkaïenne. Des témoins oculaires nous ont indiqué qu'avant hier, à la montagne, au lieu où se situe le répartiteur d'eau, les autorités ont vu des gens cagoulés, sans réagir. Les villageois de Tifilkout ont failli tomber dans un véritable guet-apens face des gens armés et dont certains même encagoulés. De quoi craindre le pire, d'autant que selon le témoignage d'un villageois, encore sous le choc, un gendarme présent sur les lieux lui a dit : «inchallah du sang va couler dans vos robinets». Sans commentaire.