Le vieux conflit qui oppose le village Tifilkout aux villages Azrou et Iguefilen, dans la commune d'Illilten, concernant la répartition de l'eau potable acheminée via une conduite desservant quatre villages à partir d'un captage d'eaux de sources en montagne, a encore une fois resurgi en cette approche de la saison estivale. Dans une demande d'intervention adressée au P/APW de Tizi Ouzou, les membres du comité du village Tifilkout ont expliqué que "le répartiteur réalisé par dérogation du wali en 1994 a été saboté en date du 4 juin 2016 par les citoyens des villages Azrou et Iguefilene, et le maire s'est déplacé sur les lieux, accompagné de la Gendarmerie nationale et ils ont constaté les dégâts, sous les insultes des auteurs du sabotage". Selon les mêmes représentants du village Tifilkout, ces deux villages ont détourné le réseau d'alimentation au profit de leur village laissant ainsi "près de 4 000 âmes dans notre village sans eau". Pour nos interlocuteurs, ces villages n'ont pas respecté leur engagement à respecter les conclusions du procès-verbal signé le 26 septembre 2015 au terme du conflit qui a éclaté durant l'été dernier. "Une situation d'affrontement a été évitée de justesse samedi dernier lorsque les habitants de Tifilkout se sont retrouvés confrontés à des hommes armés et cagoulés, une situation aggravée par des manipulations de certains élus d'un parti du pouvoir", soutiennent-ils, tout en assurant que les habitants de leur village prônent la voix de la sagesse pour mettre fin à ce calvaire. Pour leur part, les membres du comité de village Azrou disent réclamer "une solution juste et équitable dans la répartition de cette eau, et ce, en reprenant le schéma de captage de 1974, réalisé par les services de l'hydraulique, regroupant 14 sources au niveau d'un seul réservoir, et à répartir ensuite équitablement, au prorata du nombre d'habitants, entre les quatre villages Azrou, Iguefilène, Tifilkout et Taghzout". Pour eux, "Azrou et Iguefilène n'ont fait que reprendre la source d'Alma El-Einceur qui leur appartient, en raison du refus du village Tifilkout de restituer les 13 captages détournés du réseau unifié vers un réseau individuel". Au-delà de ces accusations mutuelles entre ces villages, il y a lieu de relever une défaillance totale des autorités qui n'ont jusque-là pris aucune mesure sérieuse pour solutionner ce problème qui resurgit comme un vieux démon chaque été. En effet, ni l'engagement des autorités à réparer la conduite endommagée l'année dernière ni encore la solution trouvée et consignée dans un procès-verbal, l'année dernière, par les parties en conflit, à savoir engager un bureau d'études pour déterminer les débits réels et, le cas échéant, rectifier les déséquilibres au niveau du répartiteur, n'ont été respectés. Bien au contraire, leur mise à exécution continue de traîner en long et en large. Ce qui a poussé chacune des parties en conflit à déterrer son ancienne revendication, à savoir un retour au schéma de 1994 pour Tifilkout et au schéma de 1974 pour Azrou et Iguefilène. Samir LESLOUS