Dès le début de la décennie noire, Temmar Mohamed, père de deux enfants, avait répondu à l'appel des autorités pour prendre les armes et lutter contre le terrorisme au niveau de la daïra de Sidi Amar (Tipaza). Soudeur dans une entreprise, tout en nous accueillant dans sa tente de fortune, notre interlocuteur nous dira : « Je perçois un salaire mensuel de 9410 DA. » Assis à côté de son fils alité, il a reconnu avoir avait commis une faute en occupant illégalement depuis 2002 un studio de l'OPGI à Hadjout. Pour exécuter la décision de la justice, tout un dispositif avait été mis en place au début du mois de juillet 2006 ; « le hasard » a voulu que cela se déroule la veille de la célébration de l'anniversaire de l'Indépendance du pays pour procéder à son expulsion. Temmar Mohamed n'avait pas joué « le coq ». Il a tout simplement et dans le calme quitté, en compagnie de sa femme et ses deux enfants, le studio de l'OPGI sous les yeux des éléments de la sûreté et de l'huissier. Le logement en question, de type F2, de l'OPGI, demeure encore vide à ce jour. Déjà malade, son fils Abderrahmane, sensible aux problèmes vécus par son père, avait subi des traumatismes qui l'avaient perturbé dans sa scolarité. Depuis, Temmar s'est procuré une tente pour s'installer avec sa femme et ses deux enfants en face du bâtiment de l'OPGI. « Mon père est un fils de chahid. Il occupe un logement CNEP de type F4 avec mes trois frères qui sont également mariés et pères », nous déclare-t-il. Temmar, qui sollicite un logement social depuis 14 ans, en fournissant les dossiers complets y afférent, n'a jamais été reçu par une autorité communale ou locale, en dépit d'une multitude de demandes. Se sentant méprisé, il saisit alors le président de la République, le chef du gouvernement, plusieurs ministres et le wali de Tipaza. Le chef de daïra de Hadjout, qui est en possession de son dossier, se montra intransigeant. « Tant qu'il demeure installé avec sa famille sous cette tente sur la voie publique, sa situation ne sera jamais traitée. d'ailleurs j'ai instruit le P/APC de saisir le procureur de la République pour évacuer cette famille de la voie publique, juste après l'Aïd. Il ne faut pas céder au chantage. » Temmar Mohamed nous exhibe alors tous les documents. Il réitère avec force qu'il n'a bénéficié d'aucun logement et se dit prêt à assumer toutes les sanctions et à être confronté à n'importe quel responsable pour faire éclater la vérité. « Les conditions dans lesquelles nous vivons sont à l'origine des maladies », nous dira ce père de famille avant d'ajouter que « quand il pleut, l'intérieur de la tente est inondé. Les souris et les grenouilles ne se gênent plus pour nous rendre visite ». Pour faire leurs besoins naturels, les membres de la famille Temmar n'ont que les sachets et les bidons. Chacun se débrouille dans cet espace exigu pour se mettre à l'abri du regard des autres. Un quotidien infernal pour cette famille, qui précise que leurs voisins les aident en les approvisionnant en eau et en électricité. Temmar et sa famille espèrent que les autorités leur trouvent un abri pour affronter la rigueur de l'hiver. Pourtant, les autorités de Hadjout expulseront cette famille par voie judiciaire juste après les fêtes de l'aïd.