Après le gel du contrat de rachat du groupe El Khabar par NessProd décidé le 15 juin par le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs, puis la mise sous scellés, lundi, des locaux de l'émission satirique «Ki hna ki nass», il a été demandé à KBC, depuis mercredi, de «s'expliquer sur les autorisations de tournage des deux émissions satiriques ‘Ki hna ki nass' et ‘Ness stah'» délivrées pourtant par le ministère de la Culture. Depuis, plusieurs cadres du groupe ont été convoqués et entendus par la Gendarmerie nationale de Bab J'did, à Alger. Cette dernière vient même d'«interdire officiellement les deux émissions citées précédemment après avoir retiré lesdites autorisations à leur directeur de production, Riad Hartouf», a confié à El Watan Week-end un responsable du groupe. Ces deux concepts s'ajoutent à une série d'émissions interdites depuis 2014. Puis ont commencé les retombées avec la mise en garde à vue, mercredi, de Mehdi Benaissa, directeur général de KBC et de Noura Nedjai, cadre au ministère de la Culture, qui a délivré lesdites autorisations. Ces deux personnes se trouvent, selon les responsables du groupe El Khabar, «dans les locaux de la Gendarmerie nationale, à Bab J'did». D'autres cadres ont été aussi convoqués et entendus, hier, par les gendarmes. Il s'agit de la comptable du groupe El Khabar, du directeur de production des deux émissions satiriques Riad Hartouf et du président du conseil d'administration du groupe, Zahreddine Smati. Joint par téléphone, Cherif Rezki, directeur général d'El Khabar, nous a confirmé que les personnes convoquées nont pas encore été libérées au moment où nous mettons en page cet article, ce qui nous laisse croire qu'«ils seront probablement eux aussi mis en grade à vue». «Maintenant, nous savons que ce n'est plus une histoire de studio mais que c'est la liberté d'expression qui est visée», s'indigne Chérif Arezki. Nous dénonçons cette cabale qui n'en fini pas. Nous payons les frais de notre liberté de ton et l'indépendance de notre ligne éditoriale. Nous dénonçons fermement ces intimidations qui doivent incessamment prendre fin.» Pour rappel, Mehdi Benaissa a déjà été convoqué et entendu par la gendarmerie dans la nuit de dimanche à lundi. Alors qu'il était question de se justifier par rapport aux locaux abritant le tournage de «Ki hna ki nass» mis sous scellés, Mehdi Benaissa a été surpris, selon les témoignages, par la nature des questions des gendarmes qui portaient toutes sur «le contenu de ses émissions». Indignation Sur la Toile, la nouvelle a suscité l'indignation des internautes algériens et soulevé plusieurs questions. «Où est-ce que le ministère de la Communication veut arriver», s'interroge-t-on sur les réseaux sociaux. Parmi ceux qui ont manifesté leur soutien aux cadres et aux comédiens des deux émissions, on y trouve plusieurs artistes, dont le réalisateur Bachir Derrais. Sur son mur facebook, Bachir Derrais prévient : «Castrer la société n'a jamais été une solution.» «L'Algérie n'exporte, depuis l'indépendance, que le pétrole et les ressources humaines. Elle devenue le réservoir de l'Occident et des monarchies du Golfe en termes de cadres et de diplômés», regrette-t-il. Pour rappel, les avocats du groupe El Khabar ont annoncé, mercredi à Alger, leur retrait collectif de l'affaire, estimant qu'il était «vain de continuer à donner du crédit à une injustice qu'ils voient arriver». Sur cette affaire, le groupe El Khabar affirme qu'il rendra public son communiqué aujourd'hui.