L'émission satirique «Ki hna, ki nass» de KBC, chaîne de télévision du groupe de presse El Khabar, dérange-t-elle ? Pourquoi la fermeture du studio abritant cette émission et la convocation par le juge d'instruction des responsables de l'émission ? Pourquoi d'autres médias, tels que Numidia News, qui ont loué ce studio pour la même activité n'ont pas été interpellés sous prétexte que ces locaux sont sous scellés. Depuis samedi, le studio de l'émission est fermé et hier dans la matinée, sept personnes, dont le directeur de KBC et de NessProd, Mahdi Benaissa, et le producteur de l'émission «Ki hna ki nass» ainsi que les propriétaires de la bâtisse ont été présentés devant le procureur de la République près du tribunal de Sidi M'hamed dans le cadre de l'enquête sur le bris des scellés apposés sur ce studio, situé à Baba Ali, à près de 30 km de la capitale. Le juge a ordonné une mesure d'instruction. Après avoir été entendus par le juge d'instruction, les trois propriétaires des locaux ont été mis sous mandat de dépôt, tandis que le directeur de KBC, le réalisateur de l'émission et le responsable de la régie mobile seront entendus demain en tant que témoins dans cette affaire. Aucun grief et aucune charge n'ont été retenus contre eux. Les avocats de KBC et NessProd, jouant la carte de la prudence, vont jusqu'à dire que l'affaire n'a rien à voir avec le contenu de l'émission et qu'il ne s'agit nullement d'une affaire politique mais c'est plutôt lié au foncier. Il est clair que les avocats veulent calmer le jeu, de peur que les animateurs de cette émission ne subissent d'autres pressions et des représailles. Revenons néanmoins sur la genèse de l'affaire. Samedi soir, juste après le f'tour, sur instruction du procureur de la République près de la cour de Sidi M'hamed, les services de sécurité se sont rendus dans les locaux de ce studio situé à Baba Ali, pour le mettre sous scellés et empêcher, ainsi, le tournage des futurs numéros de cette émission qui, de l'avis de beaucoup de personnes, a une certaine liberté de ton. Le procureur de la République du tribunal de Sidi M'hamed a ouvert immédiatement une enquête concernant ces locaux qui étaient déjà sous scellés dans le cadre de l'affaire Al Atlas TV, une chaîne de télévision fermée en 2014. Immédiatement, la gendarmerie a procédé à l'arrestation des propriétaires des locaux et la convocation du directeur de KBC, Mahdi Benaissa. Ce dernier a répondu présent à la convocation «dimanche vers de 19h, je me suis rendu à la brigade de Bab J'did, les services de la gendarmerie m'ont demandé de rentrer chez moi et de revenir après la rupture du jeûne en raison de l'absence des responsables qui devaient assurer l'interrogatoire. J'ai exécuté. Vers 23h, je suis retourné. Je suis resté là-bas jusqu'à 3h du matin. Les gendarmes m'ont posé des questions certes, sur le contenu de l'émission, mais surtout sur la manière dont nous avons acquis le studio», explique M. Benaissa. Ce dernier, très confiant, a présenté tous les documents liés au contrat de location signé devant notaire et les demandes d'autorisation de tournage déposées auprès de la police et de la gendarmerie. Selon les témoignages de l'équipe de l'émission «Ki hna ki nass», durant les tournages, deux véhicules de police étaient postés devant l'immeuble et, fin mai, lorsqu'ils avaient visité les locaux, il y avait une équipe de tournage à l'intérieur qui réalisait une émission pour le compte de la chaîne Numidia News. L'équipe rédactionnelle juge arbitraire la mesure de fermeture : «Nous avons visité ces locaux fin mai et à cette date d'autres chaînes de télévision, à l'image de Numidia News, qui tournaient leurs programmes et enregistraient des émissions dans ce studio appartenant à un privé. Et pendant ces tournages, les autorités algériennes n'ont jamais sévi pour fermer ce studio. Pourquoi ce réveil aujourd'hui ?»