Comme attendu, Brahim Ghali, coordinateur politique du Front Polisario, a été élu hier secrétaire général du mouvement indépendantiste et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Candidat unique du congrès extraordinaire de deux jours, l'ancien diplomate a été élu à bulletins secrets, avec 93,16% des voix exprimées. Né à Smara le 16 septembre 1946, cet ex-ministre de la Défense, ex-représentant du Front Polisario à Madrid et ex-ambassadeur à Alger succède à Mohamed Abdelaziz, décédé le 31 mai dernier des suites d'une longue maladie. Arborant un impeccable treillis, le nouveau chef du Front Polisario a prêté serment devant une salle pleine et surchauffée à cause de la canicule. Dans son allocution devant les congressistes, cet historique du mouvement indépendantiste signale que l'Armée de libération sahraouie (ALS), dont il était l'un des membres les plus en vue, est prête à faire «face à toutes les éventualités». «L'homme (Mohamed Abdelaziz, ndlr) a laissé une armé déterminée, organisée, forte, son effectif, sa formation et sa jeunesse sont de plus en plus importants (...). Cette armée est prête à faire face à toutes les éventualités», lance d'un ton sec ce partisan de la lutte armée dans un message à peine voilé à la partie marocaine. Le nouveau président sahraoui a tenu à rappeler les «priorités» du 14e congrès du Front Polisario, organisé en décembre 2015 et auquel avait assisté son prédécesseur . En plus du renforcement de l'organisation par une présence effective sur le territoire et dans la diplomatie, M. Ghali précise que la direction du mouvement indépendantiste est attachée à la voie pacifique, mais doit renforcer ses capacités militaires pour être «prête à la lutte armée». «Nous sommes des partisans de la paix. Nous devons épuiser toutes les voies pour atteindre cet objectif. La porte d'une paix véritable est ouverte», estime M. Ghali, rappelant que les pressions exercées depuis le cessez-le-feu ont «bloqué les initiatives de paix» et conduisent la région vers l'inconnu. Stop avec le statu quo Brahim Ghali a adressé également un message à l'ONU en affirmant que la Minurso, dont la composante civile a été expulsée par le Maroc suite à la visite du secrétaire général de l'Organisation en mars 2015, ne doit plus se contenter d'être la «gardienne du statu quo». Son travail, a-t-il dit, doit permettre l'organisation rapide du référendum d'autodétermination. Le secrétaire général du Polisario estime aussi que cet effort qu'engagera la direction du mouvement sous sa responsabilité doit permettre la libération des prisonniers de Gdim Izik, du nom du camp réprimé par les forces marocaines à El Ayoun occupé, l'élargissement des détenus politiques au Maroc et la résolution des questions des détenus et des richesses exploitées impunément par les Marocains. Saluant le rôle de l'Algérie et de son président, Abdelaziz Bouteflika, l'ancien ambassadeur à Alger estime que la région fait face à des dangers communs à tous les pays. Signalant le rôle de producteur et d'exportateur de drogue et de soutien aux groupes terroristes et aux bandes criminelles du Maroc, cet homme, considéré comme le représentant de la ligne dure du mouvement, exprime sa «disponibilité à travailler particulièrement avec l'Algérie et la Mauritanie» pour faire face à ces menaces. A la fin de son allocution, le président sahraoui fraîchement élu a répété le credo cher à Mohamed Abdelaziz : «Vivre en citoyen libre d'un pays indépendant ou le martyre.» Des délégations se sont relayées à la tribune de la salle inaugurée par Mohamed Abdelaziz pour exprimer leur solidarité agissante envers le peuple sahraoui et sa direction en lutte. Des partis algériens, tels que le FLN, et des associations de la société civile ont réaffirmé le soutien algérien à la cause sahraouie. Le Front Polisario a adressé également des messages à ses soutiens, dont l'Algérie, à travers une lettre au président de la République dont l'engagement auprès des Sahraouis est rappelé, sous les applaudissements des congressistes.