Il a appelé le Royaume chérifien à la négociation avant que ce ne soit trop tard «Si le Maroc ferme la porte du dialogue, il doit assumer les conséquences qui en découleront», a affirmé le nouveau président du Front Polisario et de la Rasd. Seul candidat au poste de secrétaire général du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique, Ibrahim Ghali, ex-ambassadeur à Alger, a été élu par 1 766 voix sur les 1 895 exprimées, soit 93,16%, d'une totalité de 2 433 congressistes. Ce résultat, annoncé par le président de la commission électorale du congrès et néanmoins responsable de la 4e Région militaire, Taleb Ami Dah, sous un tonnerre d'applaudissements et de cris à la gloire du combat. Invité à prêter serment sous l'oeil du président de la Cour suprême sahraouie, Ibraim Ghali a juste après prononcé un discours en annonçant notamment la levée officielle du deuil coïncidant avec le 40e jour de la mort de feu Mohamed Abdelaziz et en vantant ses vertus de chef militaire, de leader politique et de guerrier infatigable. «Mohamed Abdelaziz est parti, mais il a laissé le Front Polisario, mouvement homogène, uni fort et stable et qui est le seul dépositaire et représentant légitime du peuple sahraoui. Il nous a laissé aussi une armée forte, courageuse et disciplinée. Il a laissé un Etat avec des institutions crédibles et stables. Et il a laissé également une Intifada pour l'indépendance du peuple sahraoui», a-t-il dit en rappelant que Mohamed Abdelaziz a porté tous les habits, de celui du soldat, en passant par celui de dirigeant politique, à celui de diplomate. De fait, il a estimé que l'héritage laissé par feu Mohamed Abdelaziz est difficile à porter même si le devoir et la responsabilité l'obligent à ne pas rater son rendez-vous avec le destin du peuple sahraoui. Sur le plan politique, Ibrahim Ghali, qui a revêtu une tenue militaire pour l'occasion, s'est montré très exigeant et très serein en même temps. Tirant à boulets rouges sur le Maroc, il a accusé ce pays d'alimenter «une grosse machine de destruction à travers son soutien au terrorisme, au trafic de drogue et au crime organisé», afin d'enfermer la cause sahraouie et de l'affaiblir. Il l'a également accusé de vouloir conduire la région vers l'inconnu. Néanmoins, réaffirmant l'attachement du Front Polisario au dialogue, il a appelé le Royaume chérifien à la négociation avant que ce ne soit trop tard. «Nous sommes prêts à négocier avec le Royaume marocain dans le cadre de la mise en place d'un processus de préparation d'un référendum d'autodétermination, conformément aux recommandations des Nations unies. La porte du dialogue est ouverte et s'il venait à la fermer, le Maroc doit assumer sa responsabilité quant aux conséquences qui en découleront», a-t-il indiqué en affirmant que le peuple sahraoui n'a plus que deux choix: «Vivre en citoyens libres dans un pays libre, indépendant et souverain ou mourir en martyrs». En effet, selon lui, «face à l'instabilité sécuritaire qui règne dans la région, l'indépendance du Sahara occidental et la mise en place d'un Etat fort et stable est une nécessité et un gage de stabilité non pas seulement pour le peuple sahraoui mais pour tous les pays de la région». Dans ce sens, Ibrahim Ghali a appelé les communautés africaine et internationale à faire preuve de responsabilité et à accélérer le processus d'organisation d'un référendum d'autodétermination, seule voix de salut pour les Sahraouis». Il a également appelé au retour de la Minurso dans les territoires occupés mais non pas comme simple témoin du fait accompli y prévalant mais pour aider et accompagner la marche des Sahrouis vers l'autodétermination. «La Minurso doit revenir mais non pas pour veiller sur le statu quo qui règne dans les territoires sahraouis. Elle doit oeuvrer effectivement à faciliter l'organisation d'un référendum d'autodétermination», a-t-il déclaré. Brahim Ghali a, en outre, appelé à la libération de tous les détenus politiques et à révéler l'identité des disparus tout en insistant sur le rôle que le gouvernement espagnol peut jouer dans ce sens. Par ailleurs, abordant la question inhérente aux priorités du Front Polisario pour les années à venir, Ibrahim Ghali en a énuméré cinq. «Nous allons opérer un changement politique de sorte à élargir la base du Front et à être présents partout sur le terrain. Nous devrions également renforcer notre armée et diversifier les formations du personnel militaire pour être prêts à toute éventualité, y compris la lutte armée. Nous devrions aussi encourager et promouvoir l'Intifada, notamment dans les territoires occupés, les campus universitaires et le sud du Maroc à travers de nouvelles démarches et des moyens plus efficaces pour maintenir la pression sur le Royaume marocain. Nous devrions en outre renforcer notre action diplomatique à l'étranger à travers notamment une sensibilisation massive sur les questions des droits de l'homme, de l'exploitation illégale de nos richesses nationales, de terrorisme, de trafic de drogue et de soutien au crime organisé que pratique le Royaume marocain. Nous allons également développer notre politique envers les femmes et les jeunes, les protéger et les former pour une meilleure participation à l'effort national», a-t-il déclaré. Pour conclure, Ibrahim Ghali a salué l'élargissement du cercle des soutiens à la cause sahraouie dans le monde, ce qu'attestaient les dizaines de délégations venues des quatre coins du monde témoigner leur solidarité avec le combat du Front Polisario pour l'indépendance du Sahara occidental. Il a également salué le rôle actif que jouent bien des pays, notamment africains, à leur tête l'Algérie, dans les avancées réalisées par les Sahraouis sur le chemin de la victoire.