Comme attendu, l'ancien ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique à Alger, Brahim Ghali, a été élu hier au poste de nouveau secrétaire général du Front Polisario, à l'issue du congrès extraordinaire du Front. Seul candidat à succéder à Mohamed Abdelaziz, décédé le 31 mai, Brahim Ghali a remporté la majorité des voix des congressistes, exprimées lors du vote à bulletin secret qui s'est déroulé vendredi. Il a prêté serment de poursuivre le combat pour l'indépendance, juste après son élection, en présence de tous les congressistes et les invités étrangers. Cela avant que la fin de la période de deuil de 40 jours ne soit décrétée. Partisan assumé du retour à la lutte armée contre le Maroc pour arracher l'indépendance du Sahara occidental, le successeur de Mohamed Abdelaziz est monté à la tribune en uniforme militaire. Il a rendu un hommage particulier au défunt président qui a dirigé le Front Polisario pendant quarante ans, affirmant que le congrès extraordinaire est une étape dans le processus de la lutte pour l'indépendance et la liberté. Dans son intervention, le nouveau président de la Rasd a assumé sa vocation de militaire engagé d'abord contre l'occupation espagnole et ensuite contre le Maroc qui avait pris le relais en 1975, avant qu'un long cessez-le-feu ne soit déclaré depuis 1991. Il n'a pas écarté le retour à la lutte armée si les conditions de l'organisation d'un référendum d'autodétermination, conformément aux résolutions de l'ONU, ne sont pas réunies. «Mohamed Abdelaziz est parti mais il a laissé une armée convaincue, organisée et forte. Elle se renforce en nombre, en matière de formation et de jeunes engagés. Elle est toujours prête à affronter toutes les éventualités», a-t-il lancé. «Il faut poursuivre et intensifier les efforts de renforcement de l'armée et la préparer à toutes les éventualités, y compris la lutte armée», a-t-il ajouté. Pour lui, il y a deux choix qui s'offrent aux Sahraouis : soit vivre en paix, soit tomber en martyr de la cause. Mais la solution armée n'est pas la seule qui s'offre puisque l'orateur laisse les portes du dialogue ouvertes avec le royaume marocain. «Nous sommes prêts à coopérer avec le Maroc pour trouver une solution au conflit», a-t-il affirmé, précisant qu'une telle solution doit passer par l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Cela, avant de mettre en garde le Maroc contre les conséquences du blocage du processus onusien. L'ONU doit assumer ... Dans ce contexte, Brahim Ghali a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à assumer ses responsabilités dans l'application de sa résolution relative à l'organisation d'un référendum. «Nous refusons que la Minurso demeure un gardien du statu quo et de surveillance du cessez-le-feu», a-t-il dit, plaidant pour l'élargissement du travail de cette mission à la surveillance de la situation des droits de l'homme dans la région. Il a appelé à la libération des détenus politiques sahraouis dans les prisons du royaume chérifien et demandé la vérité sur le sort des disparus. Il a également appelé à mettre fin à l'exploitation des richesses sahraouies par le Maroc. L'orateur a accusé ce pays de vouloir conduire toute la région vers l'inconnu. Il a appelé les pays de la région, notamment l'Algérie et la Mauritanie, à s'allier contre les groupes terroristes, le trafic de drogue et la criminalité organisée soutenus et encouragés, selon lui, par le Maroc. Dans sa déclaration finale, le congrès extraordinaire du Front Polisario a appelé l'ONU à fixer une date pour l'organisation du référendum et la France à cesser de soutenir le Maroc. De nos envoyés spéciaux dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf Karim Aimeur et Nawel Hadj Abdelhafid