Entre instructions et propositions, la rencontre régionale Sud n'est pas sortie des sentiers battus des réunions-fleuves. Après six bonnes heures non-stop, les principales recommandations des regroupements de l'Est et de l'Ouest concernant l'allégement des procédures, la décentralisation des décisions pour les projets en zones spécifiques et l'utilisation des moyens fiscaux dans le développement de l'attractivité territoriale locale ont été énumérées par l'inspecteur général du ministère. Il a bien ajouté celles du Sud portant sur la mise en place de projets public-privé tout en mettant l'accent sur l'esprit d'initiative, la libération du foncier agricole et industriel, la facilitation de l'investissement, la valorisation de l'arrêté du wali en tant qu'acte administratif, la classification de l'arganier et du camelin et la mise en place d'un soutien spécifique pour encourager leur production intensive et enfin l'utilisation de l'énergie solaire dans l'éclairage public, le redéploiement des établissements bancaires et financiers à travers le Sud, l'amélioration des moyens de collecte de l'impôt et la valorisation de certaines taxes. Mais est-ce pour autant un changement pour les collectivités locales pour faire tourner la roue du développement en panne ? Les éléments de langage étaient pourtant tous réunis. On a bien compris que les walis du Sud exigeaient plus d'autonomie de décision. Décentraliser, débureaucratiser, alléger les procédures, remettre du bon sens dans les décisions. Telles sont les doléances verbalisées par les 20 walis du Sud devant le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales venu leur parler, samedi à Ouargla, de redynamiser, revaloriser et adapter la stratégie du développement de cette immense portion du territoire qui accuse un grand déficit par rapport à la bande littorale. Il n'a pas été franchement question de dégel de projets structurants dans le discours de Bedoui, mais plutôt d'«accompagnement financier des projets prioritaires». Le retard accusé par le Sud a encore une fois été souligné par le ministre, dont le principal défi est de «valoriser au mieux les potentialités pour impulser un développement réel». Car, a-t-il ajouté, «la problématique du développement des wilayas du Sud reste posée en bloc et ne peut-être compartimentée». D'emblée, il place ses instructions en matière de gestion et d'amélioration de l'attractivité économique de la région dans un cadre «spécifique» avec, a-t-il précisé, «une vision différente qui s'adapte à la réalité des régions sahariennes». M. Bedoui a noté également que «les revendications des habitants de la région et les besoins accrus du développement local dans une situation de déficit en infrastructures et services publics est à même de rendre la mission de l'Etat encore plus difficile». Six points Les revendications exprimées depuis de longues années ? C'est un programme à part entière, relève le ministre de l'Intérieur, qui énumère six éléments retenus par les pouvoirs publics, à savoir la «priorisation de la main-d'œuvre locale dans le recrutement», requête du mouvement des chômeurs ; «la mise en place d'un tissu industriel de production à même de créer une dynamique économique et générer des emplois» ; «un développement durable, respectueux de l'environnement saharien riche et fragile à la fois», une donnée qui s'est imposée dans le discours officiel depuis la révolte du gaz de schiste à In Salah ; «l'intensification de l'agriculture saharienne sur de grandes surfaces» ; «la facilitation de l'écoulement de la production agricole du Sud» et, enfin, «l'atténuation des disparités régionales en structures de service public et de désenclavement des centres urbains secondaires». Soulignant l'effet, jugé positif, de la création de wilayas déléguées sur l'amélioration des prestations administratives et le traitement des préoccupations des citoyens, M. Bedoui a exhorté les walis du Sud à s'adapter à la réalité du terrain dans ces régions vastes et souffrant d'un déficit structurel : «Beni Abbès n'est pas Alger ou Oran, il y a des dérogations et un dynamisme à créer selon les besoins locaux, des notes et des instructions vous seront transmises.» Pas de dégel Pas un mot sur le gel d'importants projets tombés sous le couperet des mesures d'austérité. Une préoccupation majeure des walis du Sud dont les interventions succinctes et ciblées étaient aussi claires qu'offensives, demandant aux pouvoirs publics d'«avoir les coudées franches en matière de gestion du foncier agricole qui passe actuellement par les délibération des APC». Le wali de Ghardaïa n'a pas hésité à exiger de lever la mainmise des maires sur ce volet. Et alors même que M. Bedoui exhortait les walis à «donner une priorité absolue aux énergies renouvelables en matière de besoins des ménages et notamment pour l'éclairage public comme première action immédiate», mais aussi de «ne pas hésiter à user de dérogation pour impulser l'investissement productif», les walis de Ghardaïa, Biskra, Laghouat et Ouargla ont évoqué la «décentralisation des décisions» en matière de gestion et de viabilisation des zones d'activités industrielles et touristiques.