Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a convoqué les 20 walis du Sud, demain à Ouargla, pour une rencontre de «comptabilité générale» ou il sera notamment question d'«évaluer la cadence locale de développement» et surtout «serrer la vis» en leur demandant d'appliquer au mieux les mesures d'austérité édictées par le gouvernement tout en assurant un programme d'investissement accru. Noureddine Bedoui, qui a mis en demeure les walis de l'Est et de l'Ouest lors de deux rencontres précédentes «de trouver des ressources indépendamment de l'Etat et d'accélérer la cadence de l'investissement» veut des walis imaginatifs dans une situation de panne. Il se retrouvera devant deux catégories de walis représentatifs des zones sahariennes. Les premiers, issus de wilayas pétrolières prétendument riches en matière de ressources budgétaires, n'ont jamais pu pleinement profiter de cette manne pour des raisons structurelles en relation avec l'absence d'objectifs clairs et d'une politique de développement adaptées. Les seconds sont les walis délégués promus des nouvelles circonscriptions administratives dont la structuration et la pérennité même de wilayas en devenir dépend des dotations budgétaires de l'Etat. Aspirant donc à ce nouveau statut, elles sont doublement pénalisées par le retard cumulé depuis des décennies dans le Sud dont les grandes wilayas attendent depuis l'indépendance un CHU, une école supérieure des enseignants ou un institut des métiers du pétrole. Des projets gelés qui sont retournés au stade du rêve. Et pour ne citer que l'exemple de la wilaya hôte de cette rencontre, les mesures d'austérité budgétaires ont plongé Ouargla, première zone pétrolière du pays et capitale sans trône du Sud, dans une crise qui s'est aggravée depuis 2012 suite à la décision de centralisation de la gestion des recouvrements fiscaux qui a causé d'importants déficits à travers tous les secteurs. Avec ses 73 projets gelés pour un montant de 17,2 milliards de dinars ayant fait l'objet de recours auprès du Premier ministère, Ouargla accueillera demain les gestionnaires d'une région entièrement dépendante des hydrocarbures et du tourisme, deux secteurs en déclin, et où les alternatives agricoles et industrielles annoncées peinent à se concrétiser. L'exemple le plus édifiant est l'aménagement des deux zones d'activité censées rebooster l'investissement industriel hors hydrocarbures, à savoir Aïn Beïda et Hassi Benabdallah, non loin de la ville nouvelle de Hassi Messaoud, et qui attendent désespérément la réponse de Abdelmalek Sellal depuis des mois, quand Bedoui prône «l'assainissement du foncier industriel, la libération des initiatives d'investissement et l'abandon de la mentalité rentière». La bouée de sauvetage est l'aide intercommunale accordée par Hassi Messaoud à ses petites sœurs : 120 milliards de centimes en décembre 2015 et 150 autres qui viennent d'être accordés pour les petits projets de première nécessité, selon la direction du budget. Pour le reste, le discours de Bedoui sera-t-il le même que celui tenu à Constantine et à Oran ? Et quelles sera l'attitude des vingt walis du Sud ?