L'accord de paix au Mali qui vient à peine de boucler sa première année est mis à rude épreuve. De violents affrontements ont opposé, jeudi à Kidal, des membres de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) à ceux du Gatia, un groupe armé pro-gouvernemental. Des coups de feu ont éclaté dans le centre-ville vers 16h (heure locale). Les combats se sont ensuite propagés un peu partout dans la localité connue pour être le berceau des Touareg. Ils ont repris hier matin avant que la situation ne se calme dans l'après-midi. «Fin des combats. Kidal est totalement sous contrôle de la CMA. Espérons que la leçon soit tirée de cette réalité», a indiqué hier sur sa page facebook Mossa Ag Attaher, l'ancien responsable du MNLA. La Coordination des mouvements de l'Azawad tient militairement la ville de Kidal depuis 2012. Qui des deux groupes armés a commencé les hostilités ? Pourquoi ? Difficile à dire. Chacun des deux camps rejette sur l'autre la responsabilité de l'attaque. Mais il semble bien que ces affrontements récurrents s'expliquent par l'exacerbation de la lutte pour le contrôle de la gestion de la ville. «Les Gatia, dirigés par le général Gamou, bousculent depuis des mois les intérêts de la CMA à Kidal», soutiennent certains spécialistes du dossier. Ces affrontements surviennent alors qu'une trêve avait été conclue, dimanche dernier, entre ces deux groupes armés. Une trêve des plus fragiles, puisque dès mardi soir des tirs avaient éclaté dans la ville. Deux morts avaient été dénombrés. La trêve en question a été conclue à Niamey, au Niger, après trois jours de négociations. Pour éviter d'autres accrochages entre les deux parties, il avait été même prévu un déploiement des autorités intérimaires. Que dit l'accord conclu entre la CMA et le Gatia ? Les deux mouvements armés ont convenu de partager la gestion administrative de Kidal et de jeter les bases d'une coopération dans le domaine sécuritaire. La CMA, qui avait toujours refusé de collaborer sur le plan sécuritaire, ne voit pas cet accord comme un échec. «Tout ce qui peut nous faire avancer vers la paix est une bonne chose», avait conclu, dans une déclaration à la presse, Almou Ag Mohamed, le porte-parole de la Coordination des mouvements de l'Azawad. Les affrontements entre la CMA et le Gatia surviennent alors que le Mali a été la cible d'une série d'attentats terroristes qui ont visé des hôtels, l'armée malienne et la Minusma. Mardi, 17 soldats maliens ont été tués à Nampala, une localité proche de la frontière mauritanienne. L'attaque a été revendiquée par deux groupes armés, un peul, et un autre, terroriste, le groupe malien Ançar Eddine. En plus d'avoir instauré un deuil national de trois jours, les autorités maliennes ont réinstauré l'état d'urgence pour dix jours à compter de jeudi dans tout le pays.