Zahouania et Messaoud Bellemou, en guest-stars, ont incontestablement constitué les principales têtes d'affiche de cette soirée de clôture. La diva de la chanson raï débute avec un «istikhbar», une mise en bouche augurant de ce qui attend ses fans. Elle a, comme à l'accoutumée, essoufflé un public qui s'est complètement laissé entraîner par son rythme soutenu et son timbre rauque singulier. Worili win rak tergod (Montre-moi où tu dors), Anta goudami ouana mourak —chanson à succès de cheikha Rimiti —, ont fixé une assistance en admiration. Parmi le public, certains connaissent ses chansons sur le bout des doigts. S'ensuit une succession de chansons, tous des tubes ancrés dans le mental et la mémoire musicale collective. RAî QUEEN Toute vêtue de noir, Zahouania fera danser et suer un public nombreux jusqu'à tard dans la nuit. Avant elle, Messaoud Bellemou, le père des sonorités raï est chaleureusement accueilli. «C'est avec un grand plaisir que je participe au festival d'Oujda. C'est une ville où l'on respire le raï», dira-t-il lors d'une conférence de presse qu'il a animée peu avant. Bellemou est celui qui a fait la jonction entre l'ancestrale guesba (la flûte) et la trompette, ouvrant la voie du «pop raï». Une trompette qu'il fera entonner avec, parfois, des accents latino, et ce, durant moins d'un quart d'heure. Un passage sur scène, certes furtif, mais qui fut longuement applaudi par les nostalgiques de ce genre musical né dans le Témouchentois. Bellemou Messaoud et Belkacem Bouteldja sont les artisans de cette transformation qu'on appellera d'abord pop-raï au début des années 1970. La soirée de clôture a été marquée également par le spectacle des Daft Punk Tribute, une version low-cost du groupe d'origine. PâLE IMITITATION «Il ne s'agit pas du groupe original, mais de leurs sosies», tient à expliquer l'animateur de la soirée, avant que les Daft Punk Tribute ne foulent la scène du grand stade d'honneur. Une précision qui s'imposait, selon la direction du festival, afin d'éviter une autre confusion après celle provoquée par le sosie de Psy, lors des premiers jours de cet événement musical. Tout comme les légendes de l'électro, les Daft Punk Tribute sont habillés en robots. Sauf qu'au lieu de remplir des stades et de traîner en soirée avec Pharell Williams, «ils ont plutôt tendance à animer des mariages», ironise le journaliste du site Huffpostmaghreb. Le public, contrarié par le fait que le festival fasse appel à des artistes low-cost, ne manquera pas de huer les DJ français dès leur entrée sur scène. «On est venus pour voir des chanteurs raï, encore moins des sosies d'un groupe de DJ. Ramenez-nous Zahouania !», s'écrie au milieu de la foule un jeune Oujdi, un peu éméché, après une demi-heure de musique techno assourdissante.