Faisant partie intégrante de la culture algérienne et, par extension, maghrébine, ce rendez-vous annuel est devenu un événement-clé, car en drainant les foules, il permet une réelle communion entre la population locale, mais aussi entre les invités qui affluent pratiquement de toutes les régions du pays. Il y a un aspect religieux, car on assiste, pour ceux qui en ont les capacités, à la lecture en groupe de l'intégralité du texte coranique durant toute la nuit de jeudi à vendredi (selka). Mais la waâda en elle-même comprend également un aspect festif grâce à toutes les troupes folkloriques qui accompagnent les représentants des différentes tarîqas. La cérémonie est soumise à un rituel bien rodé, qui fait que le cheikh de la zaouïa reçoit individuellement les représentants des autres confréries qui lui confient leurs fanions qu'il gardera jusqu'à la fin des festivités. La waâda est également caractérisée par une grande procession à travers les rues de la ville, jusqu'au mausolée de Sidi El Houari, qui reste le saint-patron de la cité. Il faut imaginer une trentaine de troupes, chacune comprenant une quarantaine de personnes qui vont sillonner la ville au bonheur de ses habitants. Au programme de vendredi matin, une fête qui sera animée par la troupe de baroud de Touat. Elle sera suivie dans la soirée par des chants religieux, caractéristiques des autres confréries, telles que Alaouia, Tidjania, Bouabdellia, Hebria, Qadiria, etc. Entre les deux, une cérémonie spéciale sera organisée en l'honneur de Sidi El Hasni. «Certains détracteurs nous reprochent le fait que les gens viennent visiter le tombeau du fondateur de la zaouïa, mais pour nous cela ne pose aucun problème, car en réalité ils savent très bien faire la part des choses et ne viennent que pour quémander la bénédiction divine», explique Cherif Elouazzani, l'actuel cheikh de la tarîqa Taybia, qui met en avant la symbolique du geste. «Les croyants, poursuit-il, ont besoin non pas d'intermédiaires mais de guides spirituels ayant mené des vies exemplaires et qui savent donc mieux que d'autres montrer la voie à suivre». Compte tenu de la grande tolérance qui caractérise la culture soufie, cette pratique est l'un des remparts les plus solides contre les pensées extrémistes, parfois importées du Moyen-Orient et qu'on veut appliquer dans un contexte totalement étranger au lieu où elles ont été émises. Justement, ce grand rendez-vous sera précédé cette année par l'organisation, les 1er et 2 août, à la grande mosquée Ben Badis, d'un colloque international portant sur la pensée soufie et ses liens avec la culture de la paix et de la tolérance. Coordonnée par Larbi Bouama, la rencontre sera animée par des professeurs des universités Oran I, Oran II et Mostaganem, mais aussi par des penseurs qui viendront du Maroc, de Mauritanie et du Nigeria. L'initiative a été prise pour célébrer le 10e anniversaire de la promulgation de la Charte pour la paix la réconciliation nationale.