La campagne moissons battages à l'est du pays est pratiquement achevée. Les derniers bilans communiqués par les directions des services agricoles (DSA) des wilayas de Skikda, Annaba, El Tarf, Souk Ahras et Guelma, à la ferme de démonstration et de production de semence (FDPS) de Guelma, ont parlé. Le taux de collecte est assez faible par rapport à la production et encore moins aux prévisions annoncées en début de campagne agricole 2015-2016. Quant aux rendements moyens, la wilaya de Guelma se distingue par le taux le plus élevé, mais reste au demeurant, à l'instar des autres wilayas, tributaire des aléas climatiques et d'un itinéraire technique encore mal maîtrisé. En effet, les chiffres ont parlé ! «A Guelma par exemple, sur 88845 hectares de terres emblavées, la production a atteint plus de 2,16 millions de quintaux de céréales, toutes espèces confondues, pour 1,06 million de quintaux engrangés dans les silos de la CCLS, avec un rendement moyen de 26,33 q/h (quintaux par hectare) sachant que les prévisions devaient atteindre les 2,4 millions de quintaux. On nous communique également des rendements de 25 q/h à Annaba et Tarf. 19 q/h à Skikda et 17 q/h à Souk Ahras à savoir que pour cette dernière les moissons sont toujours en cours», a déclaré hier, à El Watan, Mme Nekaâ Seridi Souad, directrice de la FDPS de Guelma. Et de poursuivre : «De par ses missions, entre autres, de production de semences, des générations de prébase et de base des variétés et espèces des grandes cultures, sélectionnées par nos soins, qui chapeaute également les wilayas de Skikda, Annaba, Tarf et Souk Ahras, se doit de suivre ses chiffres». En clair, il est question pour la FDPS de Guelma relevant de la direction générale de L'ITGC (Institut technique des grandes cultures) sous la tutelle du ministère de l'Agriculture et du Développement rural et de la Pêche, est chargée, à l'instars des huit autres fermes réparties sur le territoire national, de veiller au grain ! Et comment en serait-il autrement puisque son action lui confère des missions stratégiques pour assurer la sécurité alimentaire du pays, à savoir l'exécution des essais expérimentaux en matière d'obtention variétale, agrotechnie qui est l'étude de la relation sol-climat-plante, du transfert en milieu producteur des techniques et des normes de production des grandes cultures, ainsi que de l'encadrement des fermes pilotes et des producteurs de semences. MAOUNA, UNE NOUVELLE VARIETE Aujourd'hui, rien que d'évoquer les semences commercialisées, dont l'origine est de Syrie ou du Mexique, sans les comparer aux lignées pures de nos blés ancestraux, tels le Zenati bouteille, le Zenati 367, le Bidi 17 ou le Mohamed Ben Bachir fait grincer les dents. «Non ! C'est fini pour ces variétés. Elles ne représentent, aujourd'hui, aucun attrait économique pour les fellahs», nous déclarent des techniciens et ingénieurs de la FDPS, et d'argumenter : «Leur rendement optimal ne dépasse pas les 20 q/h . Elles sont sensibles aux maladies, cependant les caractéristiques qualitatives semoulières sont indéniablement très bonnes.» Ainsi, la sentence semble définitive en sachant que nos variétés locales «sont réhabilitées sous d'autres cieux, alors qu'aucun stock n'est constitué chez nous», nous affirment des sources bien informées. Forte de son expérience, puisque cette ferme a déjà à son actif la sélection de la variété «GTA dur», un blé dur originaire du Mexique, qui a fait, nous dit-on, ses preuves depuis de nombreuses années, avec de bons rendements. Ainsi, un tout va bien pour le meilleur des mondes est affiché ! Et pour preuve, un blé tendre, dénommé Maouna, en référence à la célèbre montage de région de Guelma «sera confié, dans quelques jours, aux deux meilleurs multiplicateurs performants de semences, qui seront sélectionnés sur les 54 existants dans les wilayas de Skikda, Annaba, El Tarf, Souk Ahras et Guelma. Les deux multiplicateurs auront la lourde tâche d'assurer la multiplication de cette semence tout en bénéficiant d'une assistance totale de la FDPS de Guelma afin de la proposer dans les années à venir, en quantité et qualité, comme semence destinée à la transformation puis à la large consommation», nous déclare à ce sujet Sofiane Boukhenaf, ingénieur agronome, chef de service OVPS (option variétale et production semence) à la FDPS de Guelma. Et de conclure : «Bien évidemment, nous allons conserver à notre niveau 50 % de la quantité de cette semence afin de constituer un stock de sécurité. Nous avons obtenu avec la variété Maouna des rendements de 56 q/h. Nous attendons incessamment l'accord du Centre national de contrôle et de certification des semences et plants d'El Khroub, à Constantine. C'est la procédure !» A titre informatif, la FDPS de Guelma s'étend sur une superficie de 34 hectares, dont trente (30 ) pour la production de semences et quatre (04) pour l'expérimentation. Elle accompagne et encadre les multiplicateurs de semence des 5 wilayas pour une superficie totale de 1847 hectares. Ainsi, si le fait de réaliser un rendement officiel moyen n'excédant les 22 q/h, toutes espèces confondues pour les cinq wilayas dont la superficie totale emblavée avoisine les 173000 h, est considéré comme satisfaisant, beaucoup s'interrogent sur les réelles capacités de production de semences de blé de qualité boulangère dans le pays, mais encore pour les céréales destinées à l'engraissement animal, tels l'orge et l'avoine, réduits à quelques dizaines d'hectares emblavés. Mais encore, qu'en est-il de la production de semences de légumes secs et semences fourragères, dont la facture d'importation et les filières informelles cassent l'économie nationale ?