Nous sommes en train de vivre une réelle flambée des prix, la baisse de la valeur du dinar ayant une influence directe sur les coûts des produits.» Réaffirmée aujourd'hui par tous les commerçants, cette réalité a fini par devenir banale, justifiant même l'exagération dans les prix pratiqués. Il est vrai que le dinar a connu une dévaluation, mais par rapport à la baisse des prix sur les marchés internationaux, le marché national devrait connaître une certaine stabilité, voire une baisse des prix de certains produits, rétorquent les consommateurs. Les différentes statistiques établies par l'Office national des statistiques (ONS) montrent, depuis déjà une année, que la baisse de la valeur de la monnaie nationale a provoqué une hausse de 20 à 30%, voire plus, des prix de l'ensemble des produits de consommation en 2015 et au premier semestre 2016. Les économistes affirment que cette dévaluation est due essentiellement à la chute du prix des hydrocarbures, qui a entraîné, en 2 ans, la perte de plus de la moitié de nos revenus en devises. Dans la pratique, la politique de taux de change de la Banque d'Algérie permet d'ajuster la valeur du dinar en fonction des indicateurs économiques et leur impact sur les fondamentaux. Ainsi, la valeur de la monnaie nationale n'a cessé de se déprécier face à l'euro et au dollar particulièrement, depuis juin 2014, l'année durant laquelle les cours du brut ont commencé à s'enfoncer dans le rouge, atteignant des plus bas depuis 12 ans. Selon un raisonnement déductif, la valeur du dinar souffre elle aussi de la chute des prix du pétrole, les deux phénomènes étant fortement corrélés. La Banque centrale ne pouvait donc maintenir la valeur du dinar au-dessus du prix d'équilibre de son modèle de calcul, d'autant que les fondamentaux de l'économie du pays avaient nettement baissé depuis juin 2014. Elle devait ainsi intervenir, en réaction à la chute des recettes en dinar de la fiscalité pétrolière et à l'envolée de la valeur des importations. En variation annuelle, le dinar s'est fortement déprécié contre les principales devises, selon le tableau des cotations de la Banque d'Algérie. En juin dernier, la monnaie nationale a touché son plus bas niveau historique à 110 DA pour un dollar. Face à l'euro, elle est restée également à des niveaux proches de ses plus bas niveaux historiques, à 122 DA au taux de change officiel. Le FMI avait prôné pour l'Algérie «une plus grande flexibilité du taux de change» qui «faciliterait l'ajustement au choc sur les cours du pétrole». Pour le FMI, le dinar «reste encore nettement surévalué». Maintes fois interpellée par les experts, mais surtout par les opérateurs économiques nationaux, la Banque d'Algérie justifie ses interventions sur le marché de change par le souci de «prévenir toute appréciation du taux effectif réel, jugé dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme». Mais face à une telle fluctuation, les entrepreneurs et les ménages affichent des inquiétudes, voire des pertes sur leurs pouvoirs d'achat respectifs.