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Le dinar piégé entre la confiance et l'efficacité économique
La monnaie nationale subit les pires moments de son histoire
Publié dans La Tribune le 26 - 10 - 2015

La tendance baissière des prix du pétrole, entamée en juin, ne cesse d'influer négativement sur les agrégats financiers de l'économie algérienne. Ainsi, outre la baisse des recettes des hydrocarbures, l'amenuisement des ressources financières en devise, et le creusement du déficit commercial, c'est au tour de la valeur du dinar de connaître depuis plusieurs mois une dégringolade inédite, impactant particulièrement le pouvoir d'achat des citoyens.
Bien que le gouvernement écarte l'idée de toute dévaluation de la monnaie nationale, assurant que c'est une dépréciation due à des paramètres exogènes, il faut dire que cette baisse est perçue comme une aubaine pour le secteur de l'exportation. Ce qui lui permettra d'être concurrentiel sur le marché international. En revanche, cette chute libre, estimée à environ 20% de la valeur de la monnaie nationale, impactera lourdement les prix des produits importés et par ricochet provoquera une inflation importée. Pour revenir à cette lente chute de la monnaie nationale qui se confirme de jour en jour, il convient de rappeler quelques chiffres. Rappelons que la monnaie nationale a déjà subi une série de dévaluations durant les années 1990 suite à l'intervention du FMI dans l'ajustement structurel de l'économie nationale. La monnaie nationale, selon les estimations établies, a subi, entre 1986 et 1990, une dépréciation de 150% par rapport au dollar suivi d'une chute de 22% en 1991. Le dinar a, par la suite, connu une autre dépréciation de plus de 40%. Cette chute de la valeur de la monnaie nationale s'est poursuivie par la suite, le pic a été enregistré durant le choc pétrolier actuel. Selon les chiffres de la Banque d'Algérie qui se rapporte au premier semestre de l'année en cours, l'impact du choc externe de grande ampleur sur les fondamentaux a induit une dépréciation de 22% du cours moyen du dinar par rapport au dollar américain au premier semestre 2015, comparativement au même semestre de l'année passée. Ainsi, la BA a assuré que le cours du dinar s'est, toutefois, légèrement apprécié de 0,60% par rapport à l'euro. Le taux de change effectif réel du dinar algérien à juin 2015 reste apprécié par rapport à son niveau d'équilibre de moyen terme, en situation d'élargissement du différentiel d'inflation et de tensions sur les marchés des changes, selon la même source. Celles-ci impactent significativement les cours de change des pays émergents et en développement.
La mère des banques assure, dans ce sens, qu'afin de prévenir toute appréciation du taux effectif réel dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme, la relative flexibilité du cours du dinar sur le marché interbancaire des changes permet d'absorber, en partie, l'effet de la chute des prix du pétrole. Les interventions de la Banque d'Algérie sur ce marché s'inscrivent dans cet objectif stratégique.
Mais il convient de souligner qu'en dépit des assurances de la BA sur la stabilité de la monnaie nationale dans un contexte de crise, l'opinion publique a assisté ces derniers jours à un épisode inédit sur le marché parallèle de la devise qui a confirmé, encore une autre fois, qu'en l'absence d'un cadre idoine susceptible de réguler le marché des changes, c'est la confiance des consommateurs qui en pâtit. Une situation qui nécessiterait d'ailleurs une réponse claire des autorités monétaires du pays afin d'éloigner le spectre d'une chute plus dure et prononcée de la monnaie nationale. Cette «déprécation» sur le marché parallèle a d'ailleurs produit l'effet inverse des mesures gouvernementales destinées à encourager la bancarisation de l'argent informel. La faiblesse du secteur bancaire a également contribué à la perte de confiance des «agents et acteurs économiques» dans leur propre monnaie. Outre la question du rétablissement de la confiance, des spécialistes préconisent aujourd'hui de lutter contre le marché parallèle de la devise qui ne fait que ternir l'image économique du pays, doté d'une monnaie à deux taux de change, mais également de s'attaquer aux sources du phénomène en révisant les marges bénéficiaires des bureaux de change qui activent légalement.
Sur le plan structurel, des économistes préconisent aussi de revoir de fond en comble certains segments de l'économie nationale de manière à instaurer une conduite sérieuse, organisée et claire à tous les niveaux. L'on appelle, entre autre, à «l'émergence d'une nouvelle gouvernance, de nouveaux mécanismes de régulation». Ces derniers «conditionnent la dynamisation de la production locale dans des segments à valeur ajoutée au sein de filières internationalisées». L'on recommande, pour ce faire, de soutenir les entreprises performantes «capables de s'insérer au sein de grands ensembles dont les espaces euro-africain et euro-méditerranéen». Il est également conseillé de faire des ressources humaines la principale richesse de l'économie et de privilégier l'accumulation du transfert technologique et managérial local à travers la multiplication des partenariats de production à tous les nivaux. La ressource humaine étant le pivot essentiel de la coopération.
S. B.


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