Au détour du chemin, à 10 km au sud de la ville de Aïn Zerga, 36 km de Tébessa, surgit le petit village de Gastal. Un village typiquement montagnard, complètement isolé et d'un calme absolu. Une petite halte, devant un pont romain toujours intact, avant de continuer son chemin durant une dizaine de minutes et quitter la piste carrossable pour s'enfoncer dans un endroit qui n'existe nulle part ailleurs. Puis c'est la marche à pied qui s'impose pour ceux qui veulent continuer l'aventure de la découverte. Enclavée au cœur du massif de Dyr, la bourgade de Gastal, à 40 km de Tébessa et à quelques minutes à vol d'oiseau du site historique amazigh la table de Jugurta (Galaat Snan en Tunisie) offre à ceux qui la visitent un somptueux décor dédié à la nature et à l'histoire. Poursuivant sa route, en empruntant durant une petite heure un splendide et paisible paysage en pleine garrigue. Des chemins traversés par de petits vergers. Des maisons en pierre taillée, éparpillées ici et là aux abords de cette charmante vallée, vous accueillent sans modération, entre les belles senteurs et l'hospitalité des leurs habitants maltoukha à laben. Puis plus rien, une falaise rocheuse surplombant cette petite agglomération d'une centaine d'habitants. Après laquelle, un paysage majestueux à perte de vue qui vous saute aux yeux. S'étendant sur plus de 4 hectares, c'est l'une des plus grandes et des plus anciennes du monde. La nécropole de Gastal, selon, le préhistorien français Gabriel Camps (1927-2002), existait depuis la deuxième moitie de 3e siècle avant J.C. La visiter, c'est d'une certaine manière rendre hommage à tous les morts de la planète. Effectuer un retour dans une machine à remonter le temps. Monuments mégalitiques à la pelle Le nom Gastal, adopté par Maurice Reygasse, un professeur qui fut le premier conservateur, nommé à vie, du Musée de préhistoire et d'ethnographie africaine d'Alger dès 1936, est dérivé du latin castellum, qui est le toponyme antique d'Henchir Goussa, situé à quelques km de la commune de Aïn Zerga . Au fur et à mesure qu'on s'enfonce dans cet espace mégalithique, on trouve des pièces d'argent en bronze, des pierres sculptées, des sarcophages et des restes de poteries. Un mobilier funéraire à l'abandon qui a permis à Pierre Castel, à Reygasse, à Meunier et à d'autres archéologues et architectes, qui sont passés par là, de mettre en évidence l'évolution et l'organisation interne de la nécropole et les rites ayant précédé l'inhumation. Elle compte plus d'une soixantaine de monuments mégalithiques. On y trouve des hypogées (chambres funéraires), des dolmens, des cistes, des tumulus et des bazinas.Au fur et à mesure qu'on avance vers le sud, ce fabuleux espace dédié aux morts vous renoue avec le fil des civilisations qui s'y sont succédé dans cette région un peu perdue à l'extrême est de l'Algérie . Méconnaissance Depuis les dernières fouilles conduites par M. Reygasse dans la première moitie du siècle dernier, cet espace fut livré à lui-même. Beaucoup d'Algériens ignorent l'existence de ce site, y compris les préposés à la culture et au tourisme. Devant le mutisme des autorités locales de la wilaya, les habitants de ce hameau, pour la plupart des agriculteurs, semblent prendre les choses en main en s'adressant aux autorités compétentes pour mettre en valeur cette nécropole. Des efforts ont été déployés également par certains universitaires et associations pour au moins convaincre le ministère de la Culture et l'Office national d'archéologie de cataloguer ce site comme patrimoine national.