La Tunisie semble pomper l'essentiel de la clientèle des hôtels algériens. Pourquoi va-t-on aussi nombreux en Tunisie ? «Parce qu'il y a une règlementation et c'est propre !» répond le patron de l'hôtel Raya. Pour Karim Alloui, directeur commercial de l'hôtel Brahmi, il faudra refaire les calculs. «C'est faux que de dire que la Tunisie ce n'est pas cher», dit-il. «On ne fait pas de calcul, on s'en tient juste au prix annoncé par personne et non par chambre alors qu'il faut inclure toutes les dépenses du voyage», argumente-t-il estimant que «dans la plupart des cas, c'est soit équivalent à nos prix soit plus cher». Un tour sur la grande Toile nous donne une idée sur les tarifs appliqués pour un séjour en Tunisie. Une agence de voyages propose un voyage organisé à 52 500 DA par personne pour un séjour de 9 jours à Hammamet. Le prix comprend le voyage par bus, un hébergement en demi-pension dans un hôtel 4 étoiles, un programme d'animation et des visites guidées. Des offres similaires continuent à intéresser grand monde. La Tunisie a charmé même pendant les restes de tension de sa Révolution de jasmin qui a provoqué le déclin du secteur du tourisme. L'insécurité n'a pas découragé les touristes algériens à garder en estime la destination tunisienne. La série d'attentas, dont celui qui a ciblé la station balnéaire de Sousse, qui a ébranlé la Tunisie en juin 2015, a poussé des contingents entiers d'estivants algériens vers les hôtels tunisiens. 1,5 million de touristes algériens ont pris la destination tunisienne en 2015, selon la Fédération tunisienne de l'hôtellerie. Pour cette année, l'Office tunisien du tourisme (ONTT) table sur plus que cela. Face aux responsables algériens «contents» d'annoncer ces flux, louant l'esprit de solidarité nationale, nos hôteliers tiquent, rappelant que «jamais des nationaux tunisiens ne font la promotion de destinations étrangères». Karim Alloui ne perd pas de vue que «l'ONTT vient en Algérie pour démarcher les agences de voyage». «Sur le terrain, nous ne voyons pas vraiment nos agences faire la promotion de la destination Algérie», déplore notre interlocuteur. Le Club Alloui, par exemple, travaille avec seulement deux agences de voyages locales. Le résultat du peu d'implication des agences algériennes se voit dans le peu d'estivants étrangers, ou même d'émigrés, descendant dans les établissements hôteliers. Les émigrés ne dépassent pas les 10% de la clientèle des hôtels. «C'est faible par rapport à ce qu'on devrait attirer», reconnaît Aroudj Samir, de l'hôtel Syphax. En 2015, la direction du tourisme a comptabilisé 318 020 nuitées passées dans les hôtels, dont moins de 7% par des étrangers. Pour l'été 2015, le total a été de 87 466 nuitées dont moins de 5% par des étrangers. Pour le seul mois de juin 2015, les étrangers ont été seulement au nombre de 606. En attendant le bilan définitif de la saison, il est certain que le peu de car-ferries (4 depuis le 11 juillet) qui ont accosté au port en chantier de Béjaïa n'ont pas déversé une grande foule d'émigrés, encore moins d'étrangers. «Il faut créer un sentiment de patriotisme», dit Aroudj Samir. «On a besoin en tant qu'Algériens de s'entraider», ajoute-t-il pour appuyer les propos de son père pour qui «il faut tout faire pour dépenser nos dinars dans le pays».