De notre envoyée spéciale en Tunisie Mekioussa Chekir Que ce soit à Sousse, à Hammamet ou à Sidi Boussaïd, c'est le même sentiment qui s'impose : il y a plus d'infrastructures de tourisme, de détente et de loisirs que d'habitations. Une impression qui s'avère fondée lorsque l'on sait que ce pays de près de 11 millions d'habitants (en 2005), répartis sur une superficie de 163 610 km⊃2;, compte déjà près d'un millier d'hôtels, dont 800 de standing international totalisant plus de 200 000 lits, pour ne citer que ce type de structures. C'est dire à quel point notre voisin de l'Est a basé son développement économique sur l'industrie touristique, car c'en est une, à observer la dynamique évolution opérée dans ce secteur depuis quelques années. Principale source de rentrées en devises, le tourisme est au cœur de tous les efforts consentis par les responsables en charge de ce secteur, l'objectif étant d'optimiser jusqu'au dernier atout naturel, culturel et historique dont dispose ce pays du pourtour méditerranéen. Jusqu'à la fleur et au parfum de jasmin, érigés en symboles de la Tunisie touristique. C'est que les décideurs de ce pays ont vite compris, depuis les années 1960, soit peu d'années après leur indépendance en 1956, que le secteur du tourisme était l'un des piliers sur lesquels allait reposer l'économie de la Tunisie, en l'absence d'autres grandes richesses naturelles telles que les hydrocarbures. Dès la décennie 1980, le gouvernement de Bourguiba a opté pour l'encouragement de la privatisation des entreprises étatiques, notamment celles relevant du secteur touristique pour mieux les rentabiliser, et surtout pour mettre fin à leur endettement. Et c'est l'Office national du tourisme tunisien (ONTT), un établissement public, doté d'une autonomie financière, qui est le principal outil exécutif de la politique ministérielle. Pour bien étendre son action à l'étranger, l'ONTT compte 19 représentations implantées dans les principaux marchés émetteurs de touristes au monde, notamment en Europe. L'orientation choisie par les dirigeants tunisiens en matière de tourisme ne tardera pas à s'avérer judicieuse eu égard aux performances affichées par l'activité touristique. Selon les données chiffrées de l'ONTT, il ressort qu'entre 1992 et 2006, le produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie a augmenté de 4,1% par an en moyenne avec 6% enregistrés en 2004, 4,2% en 2005 et 4% en 2006, en dépit de l'intensification de la concurrence internationale et de la flambée des prix du pétrole. Cette évolution a été rendue possible grâce aux performances du secteur des services, celui du tourisme entre autres, dont les recettes ont été estimées au troisième trimestre de 2007 à 1,8 milliard de dinars tunisiens (près de 5 millions de touristes), soit 12,5% de recettes. Durant la même année, le tourisme a ainsi contribué à hauteur de 7% du PIB et a employé quelque 400,000 Tunisiens dont près du quart d'emplois directs, ce qui représente plus de 12% de la population active. Pour poursuivre cette dynamique, ce secteur bénéficie d'une stratégie remise au goût du jour, tous les cinq ans, pour se conformer en permanence aux nouvelles donnes locales, régionales ou internationales qui s'imposent sur le marché touristique. La station balnéaire, l'épine dorsale du tourisme tunisien… Près de 600 plages au sable doré longeant les 1 298 kilomètres du littoral tunisien ont permis à ce pays de développer un tourisme de masse qui s'appuie sur des offres de plus en plus attractives. Tout au long des stations balnéaires les plus réputées mondialement comme Tabarka, Hammamet, Sousse ou Djerba, une île paradisiaque est en passe de devenir la première destination préférée des touristes. L'île de Kerkennah ne devrait pas non plus tarder à lui emboîter le pas, puisqu'elle figure parmi les régions concernées par les futurs projets de développement touristique sur le littoral, lesquels prévoient une capacité de lits supplémentaires de 200 000 à l'horizon 2015. Loin de vouloir s'appuyer sur ce pilier de «l'or vert», les tenants de ce secteur en Tunisie s'appuient de plus en plus sur les autres ressources que recèlent la thalassothérapie, le tourisme saharien (Douz et Tozeur attirant chaque année plus de 250 000 touristes), le tourisme vert (écologique) et le tourisme médical (chirurgie esthétique), le tourisme golfique… Le pays de Ben Ali peut ainsi se targuer d'avoir le centre de thalassothérapie le plus performant de la Méditerranée (Nahrawess Palace), dont les tarifs sont bien en deçà de ceux pratiqués dans des établissements similaires en Europe. Au classement mondial, la Tunisie se place au second rang devant la France dont les ressortissants sont parmi les plus nombreux à se rendre au pays du jasmin pour ce motif précis. Le MIT, un carrefour du tourisme méditerranéen Faisant partie des nombreuses manifestations qui s'inscrivent dans le cadre de la politique de promotion du produit touristique tunisien, le Marché international méditerranéen du tourisme (MIT) de Tunis en est à sa 14e édition successive. C'est le ministère du Tourisme tunisien, en collaboration avec l'ONTT, la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), la Fédération tunisienne des hôtels (FTH) et la compagnie aérienne Tunisair, qui a assuré l'organisation de cette manifestation périodique. Celle-ci, expliquent les organisateurs, se veut être «une vitrine de la Tunisie touristique avec tous ses atouts et ses régions», et a pour vocation de faire de ce pays «la capitale du tourisme méditerranéen, maghrébin, arabe et africain». Le MIT, nous explique-t-on, est appelé à évoluer dès la prochaine année, en lui conférant une dimension plus importante lui étant conférée. Cette édition, qui a eu lieu du 6 au 8 mai dernier dans la proche banlieue tunisoise, El Charguia, a permis aux professionnels tunisiens de ce secteur de se rapprocher de leurs homologues du pourtour méditerranéen, d'Algérie, d'Egypte, de Turquie et de Mauritanie. La présence de pays autres que méditerranéens, comme l'Afrique du Sud ou le Liban, a conféré une dimension internationale à la manifestation. Pays hôte de la manifestation, la Tunisie était fortement représentée par ses agences de voyages, ses chaînes hôtelières, ses instituts de tourisme… Même si la destination Tunisie n'est plus à présenter, il n'en demeure pas moins que les responsables du secteur touristique s'investissent plus en vue de maintenir leur part du marché mondial, voire d'en conquérir d'autres. L'Algérie était représentée à ce Salon par sa compagnie aérienne Air Algérie, laquelle a présenté ses nouvelles tarifications et destinations, l'Office national du tourisme (ONT) et le centre de thalassothérapie de Sidi Fredj. N'étant plus entachée par une conjoncture sécuritaire peu favorable, la destination Algérie n'avait pas manqué d'intéresser un public, lequel voulait en savoir plus sur les atours d'un pays pourtant si proche de lui géographiquement. La Turquie y a pris part à travers, pour la première fois, l'agence de voyages Adonis, dont le représentant Souleymane évoque la forte demande de la destination turque, de plus en plus exprimée aussi bien par les Tunisiens que les Algériens, les Libyens ou les Marocains. «Nous n'avons pas besoin du projet de Sarkozy d'une Union pour la Méditerranée car nous sommes déjà naturellement unis par des liens historiques et culturels que favorisent les voyages», nous dira notre interlocuteur. Pour l'Afrique du Sud qui participe pour la seconde fois au MIT à travers son ambassade en Tunisie, l'intérêt d'une telle présence coïncide avec la préparation de l'événement sportif qu'est la Coupe du monde du football en 2010, un événement qui est d'ores et déjà promu dans des manifestations comme celles-ci à par le biais de brochures et autres supports de communication. Environ 1 000 visas sont délivrés annuellement aux Tunisiens par cette ambassade pour affaires, tourisme de luxe, pour études ou encore pour des motifs professionnels, nous dira sa représentante. Cette dernière évoque une coopération étroite entre les deux pays sur le plan médical. Des caravanes médicales relient le Cap Town à Bizerte par exemple contre le paludisme. L'Egypte est représentée, pour la seconde fois également, au MIT à travers son Office du tourisme qui a saisi cet espace pour faire la promotion d'une destination parmi les plus prisées au monde. C'est que le potentiel touristique tunisien intéresse les Egyptiens au regard de l'évolution du nombre des touristes ayant choisi la terre des pharaons pour leurs vacances. Elle a été de 30,5 % en décembre 2007 par rapport à la même période de l'année précédente, contre 34,5 % pour les Algériens. Les voyagistes algériens en quête d'offres intéressantes Dans la perspective de préparer la prochaine saison estivale, quelques agences de voyages ont été conviées par l'ONTT pour prospecter les offres du marché tunisien en matière de structures hôtelières en vue répondre à la demande de plus en plus croissante de la clientèle algérienne. Le plus important pour ce groupe de six voyagistes d'Alger, de Tipasa et de Annaba consistait à trouver des formules qui soient au goût des vacanciers, des formules qui allieraient une qualité de service acceptable et une tarification plus ou moins accessible. Pour ce faire, un tour d'inspection dans quelques hôtels de Sousse et de Hammamet s'imposait. Les voyagistes ne tarderont pas à vite déchanter en réalisant que la plupart de ces structures affichaient déjà complet, à quelques semaines du début de la haute saison. C'est que, leur dira-t-on souvent, il faut prendre ses dispositions bien avant, tout au moins dès l'automne pour s'assurer de ne pas avoir de surprises au moment où les vacanciers algériens commencent à prendre attache avec les différentes agences de voyages en vue d'organiser leur séjour sur le sol tunisien. Ces derniers, faut-il le reconnaître, ayant la fâcheuse habitude de s'y prendre tout aussi tardivement que certains voyagistes. Lesquels voyagistes se plaignent, à leur tour, que les responsables d'hôtel en Tunisie rechignent à s'engager avec les nouveaux partenaires mais préfèrent passer des contracts avec ceux auxquels ils sont habitués. En particulier, nous dit-on, ceux qui proposent le plus de clientèle durant la basse saison. Qu'à cela ne tienne, les voyagistes qui se sont déplacés en Tunisie sur invitation de l'ONTT ne l'auront pas fait vainement puisqu'ils sont repartis chez eux avec des contats et des perspectives de partenariat entre eux et les structures hôtelières visitées. Les agences en question pourront ainsi réserver dès septembre dans des hôtels comme Nahrawess (4 étoiles), le Sindbad Hotel ( 5 étoiles), le Sultan (5 étoiles), tous à Hammamet. A Sousse, la liste des hôtels est aussi infinie que variée, l'embarras du choix ne manquera pas au client qui finira néanmoins invariablement par trancher en fonction de ses moyens. Les groupes El Mouradi, Affès et autres, en partenariat avec les chaînes d'hôtellerie mondiales comme Accor, Mercure ou Sofitel, rivalisent en offres et en prestations pour fidéliser la plus grande clientèle.